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En lançant des Panzers en Russie, Kiev brise un tabou allemand

Des chars allemands sur le sol russe ? Il y a un an à peine, cela aurait été presque inimaginable en Allemagne. Et pourtant, dans le cadre de son offensive surprise en Russie, l’Ukraine utilise actuellement des véhicules de combat d’infanterie allemands Marder, selon des photos publiées par le ministère russe de la Défense.

Tout cela malgré le fait que la région ait été le théâtre d’affrontements entre la Wehrmacht et l’Armée rouge en 1943 lors de la bataille de Koursk, la plus grande bataille de chars de l’histoire.

Outre-Rhin, l’incident a frappé de nombreux médias, car il marque un nouveau seuil pour un pays qui avait commencé par envoyer 5.000 casques à l’armée ukrainienne en guise de soutien.

Un « syndrome V2 »

La livraison des chars lourds a elle-même pris du temps. Le chancelier Olaf Scholz a longtemps résisté à l’idée, avant de donner son feu vert début 2023. À l’automne 2022, le chancelier Wolfgang Schmidt a même déclaré lors d’un forum qu’il existait un « syndrome V2 » en Allemagne et qu’aucune arme ne pouvait tout résoudre dans cette guerre.

De plus, « si des chars portant la Croix de fer allemande étaient capturés, ce serait une occasion parfaite pour la propagande russe de dire : regardez, l’OTAN nous attaque ». Ce qui a provoqué le sarcasme des experts, qui n’ont pas hésité à souligner que les chars livrés à l’Ukraine porteraient des emblèmes ukrainiens et non allemands.

« Il n’y a pas d’obstacle »

Aujourd’hui, le discours est tout autre. La chancellerie a pris soin de préciser que l’opération avait été préparée « dans le plus grand secret » et sans aucun retour d’information vers l’Allemagne. Mais le ministère allemand de la Défense a été clair. « Le droit international prévoit qu’un État qui se défend peut aussi le faire sur le territoire de l’agresseur. »

Des restrictions à l’utilisation des armes allemandes ? « Il n’y a pas d’obstacles et l’Ukraine est libre de choisir ses options. La seule chose que nous garantissons, c’est que l’Ukraine s’engage à n’utiliser des armes que dans le cadre du droit international, et c’est le cas », a expliqué un porte-parole du ministère. Depuis le début du conflit, 18 chars Leopard 2 ont été livrés aux Ukrainiens par Berlin, ainsi que 120 véhicules de combat d’infanterie Marder.

Solidarité limitée

Les trois partis de la coalition et les conservateurs sont également sur cette ligne. « Un État qui est attaqué a le droit de se défendre. Cela inclut le droit d’intervenir sur le territoire russe, tant que les règles du droit international sont respectées », a déclaré Lars Klingbeil, chef du parti social-démocrate, dans une interview sur la première chaîne de télévision ARD.

Le chancelier Olaf Scholz ne s’est toutefois pas prononcé sur le sujet. Il faut dire que nous ne sommes qu’à quelques semaines d’élections cruciales dans trois Länder de l’Est. Des Länder où les électeurs sont beaucoup plus réservés quant à leur soutien à l’Ukraine, voire aux pays de l’OTAN.

Début 2024, seulement 30 % des Allemands de l’Est pensaient que l’Allemagne devrait venir en aide à un pays de l’OTAN en cas d’attaque, selon le dernier rapport de l’Institut Allensbach sur les peurs allemandes.

Positions compliquées

En soi, le positionnement politique d’Olaf Scholz sur la livraison d’armes à l’Ukraine paraît compliqué. Le chancelier continue de s’opposer à la livraison de missiles longue portée Taurus à Kiev, mais après les attaques de Kharkiv, il a accepté en mai dernier la possibilité de frappes ukrainiennes sur les régions frontalières russes concernées par les attaques.

Les chrétiens-démocrates ne sont pas non plus unanimes sur ces questions. La semaine dernière, le Premier ministre conservateur de Saxe, Michael Kretschmer (CDU), s’est prononcé en faveur d’une réduction des livraisons d’armes à Kiev, soulignant qu’une solution au conflit ne se trouverait pas sur le champ de bataille, mais à une table de négociation. Une position différente de celle de la direction du parti, dictée par la très forte influence de l’extrême droite dans sa région.

Cammile Bussière

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