En Italie, Matteo Salvini, poursuivi pour « enlèvement » de migrants, se pose en victime d’un procès politique
C’est une triste saga qui a animé l’été 2019 en Italie. Durant trois semaines, le navire de sauvetage en mer de l’ONG espagnole Open Arms s’est retrouvé dans l’impossibilité de débarquer les 147 personnes à bord, secourues au large de la Libye. Il leur a été formellement interdit de mettre le pied en Italie, une décision du ministre de l’Intérieur de l’époque, Matteo Salvini. Le chef de la Ligue (extrême droite) se veut intransigeant.
Pour lui, l’affaire est réglée : les ONG au secours des migrants « mener des batailles politiques sur le dos de l’Italie. » Six pays européens proposent d’accueillir des migrants, mais le voyage est trop long pour le navire et les conditions sanitaires à bord se dégradent. Après trois semaines de galères administratives mêlées de drames judiciaires, un juge sicilien ordonne finalement aux migrants de débarquer à Lampedusa.
Open Arms a porté l’affaire devant la justice italienne et le procès contre Matteo Salvini s’est ouvert en octobre 2021 à Palerme. Samedi après-midi, les procureurs ont requis une peine de six ans de prison contre l’ancien ministre de l’Intérieur pour « enlèvement » et « abus de pouvoir ». Absent à l’audience, M. Salvini était cependant très présent sur les réseaux sociaux, confirmant son art de la communication. Quelques heures avant l’annonce du tribunal de Palerme, son compte X avait publié une photo avec ces mots : « Aujourd’hui, je risque la prison parce que la gauche a voulu se venger. »
« Coupable de défendre l’Italie »
Peu après les réquisitions, un long message vidéo de l’ancien ministre de l’Intérieur a été publié en réponse à la justice. « Aucun gouvernement ou ministre dans l’histoire n’a jamais été jugé pour avoir défendu les frontières de son propre pays », il explique avec une expression sérieuse, ajoutant « Déclarer coupable d’avoir défendu l’Italie ».
Un spot préparé à l’avance et sous-titré en anglais, preuve de la volonté d’en faire un objet politique qui dépasse les frontières italiennes. Les alliés du leader de la Ligue en Europe n’ont pas manqué de lui témoigner leur soutien samedi soir. Le procès et la peine de six ans requise à son encontre sont extrêmement graves à l’heure où le flux migratoire s’amplifie dans toute l’Europe », a-t-il ajouté. a ainsi dénoncé Marine Le Pen, tandis que le Néerlandais Geert Wilders a estimé que M. Salvini « méritait une médaille. »
Les réactions n’ont pas tardé non plus à se faire entendre sur la scène politique italienne, en premier lieu parmi les partenaires du gouvernement de Matteo Salvini. Antonio Tajani, vice-président du Conseil comme M. Salvini et chef de Forza Italia (à droite), a dénoncé la décision des procureurs comme « déraisonnable et sans aucune base légale ».
Il vous reste 50.11% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.