En Italie, l’abolition de cette loi sur le favoritisme suscite un tollé
FRANCESCO AMMENDOLA / AFP
La Chambre des députés italienne, ici en septembre 2023.
INTERNATIONAL – Tollé général. La gauche et la justice italienne ont dénoncé ce jeudi 11 juillet la suppression par les députés de la majorité ultraconservatrice du délit de favoritisme, dans un pays où les marchés publics servent de machine à laver l’argent sale de la mafia.
La réforme a été soutenue par Forza Italia, le parti de l’ancien Premier ministre et milliardaire Silvio Berlusconi, décédé en 2023, et dont les affaires ont été entachées par des soupçons d’influences mafieuses.
Ses promoteurs soutiennent que l’article 323 du code pénal, qui punit l’attribution frauduleuse de marchés publics, pendait comme une épée de Damoclès au-dessus des élus qui n’osaient plus faire d’investissements.
Panneaux » honte à toi « brandie par les élus
Ils affirment également que 80% des procédures judiciaires ont été abandonnées, tandis que les personnes impliquées ont subi un opprobre et une suspicion durables, écrasées par un système judiciaire parmi les plus lents d’Europe.
Outre Forza Italia, Fratelli d’Italia et la Ligue, les deux partis de la coalition du leader du gouvernement Giorgia Meloni ont voté pour la réforme, de même que trois partis centristes (+Europa, Azione et Italia Viva).
Le Parti démocrate, le Mouvement 5 étoiles et l’Alliance Verte-Gauche ont voté contre. Dans le même texte, ils critiquent la réduction du champ d’application du délit de trafic d’influence et la limitation des écoutes téléphoniques (hors terrorisme et mafia). Mercredi dans l’hémicycle, des députés de l’opposition ont brandi des affiches sur lesquelles était écrit : « Impunité pour les cols blancs, honte à vous ».
Champ libre pour la mafia
« Un citoyen qui porte plainte pour dénoncer une violation des règles d’appels d’offres, ou le contournement des listes d’attente à l’hôpital ou l’autorisation illégale accordée à son voisin de construire là où il n’a pas le droit, ne sera plus protégé par la loi »a déploré l’ancien procureur national anti-mafia Federico Cafiero De Raho, dans le principal quotidien Le Corriere della Sera.
Lorsqu’il était procureur en Calabre (sud), « Les maires nous ont dit que grâce au délit de favoritisme, ils pouvaient dire non à la ‘Ndrangheta »la mafia calabraise. « Ils leur ont dit qu’ils ne pouvaient pas enfreindre les règles, sinon ils seraient condamnés. »il a souligné.
« Les comportements illégaux continueront d’être poursuivis, les instruments du code pénal existent »a assuré Mariastella Gelmini (Azione), ancienne ministre de Silvio Berlusconi.
L’opposition s’insurge contre d’autres réformes poussées par le gouvernement : l’élection au suffrage universel du Premier ministre, qui renforce selon elle l’arbitraire de l’exécutif et dévitalise le Parlement, et l’élargissement de l’autonomie des régions qui risque d’accroître les inégalités entre le nord riche et le sud pauvre.
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