Deux ans après son arrivée au pouvoir, le président du Conseil italien enchaîne les échecs, malgré de nombreuses tentatives.
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Les échecs du ministère de la Culture sont devenus une chronique quotidienne dans la presse italienne. Deux ans après son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni jouit toujours d’une solide popularité, mais il est un domaine que le Premier ministre a fait prioritaire et où elle peine à imposer sa marque, c’est la culture.
La preuve : nous avons eu trois démissions ces derniers mois. Il y a d’abord eu celui du sous-secrétaire d’État à la Culture, Vittorio Sgarbi, critique d’art reconnu accusé, entre autres, d’avoir acquis frauduleusement un tableau, ce qu’il nie avec véhémence. L’enquête sur cette affaire est close, nous verrons si elle débouche sur un procès. Puis en septembre, c’est le ministre de la Culture qui a dû à son tour démissionner.
Dans une histoire digne d’un roman de Balzac, Gennaro Sangiuliano s’est épris d’un intrigant qui a enregistré ou photographié une bonne partie de ses actes et les a parcourus sur Instagram. Son successeur, l’actuel ministre Alessandro Giuli, a dû se séparer de son chef de cabinet, accusé de conflit d’intérêts.
Au-delà de l’anecdote politique, ces histoires sont importantes pour Rome, car Giorgia Meloni part du principe que la Culture est généralement entre les mains de la gauche et que pour laisser une trace durable, la droite nationaliste qu’elle incarne doit proposer d’autres histoires, un autre imaginaire. . Nous sommes au pays du philosophe Antonio Gramsci qui croyait que le pouvoir se conquiert autant dans les esprits que dans les urnes. Il y a aussi l’idée qu’il faut une culture plus populaire, moins réservée aux élites.
Mais l’action de la majorité se limite pour l’instant à licencier des directeurs de musées et d’institutions pour remettre des proches à leur place, ce qui suscite à chaque fois des polémiques. C’est toujours le cas à l’heure actuelle.
Elle a mis la main sur Rai, encore plus clairement que ses prédécesseurs, qui l’ont tous fait. Elle entretient également des relations exécrables avec des intellectuels de gauche qui rappellent régulièrement les origines post-fascistes de son parti. Elle s’aliène une partie du monde du cinéma en réduisant les subventions, estimant qu’une partie de l’argent servait à financer des productions confidentielles.
Mais au-delà de tout cela, qui soulève évidemment beaucoup de questions, quelle vision de l’art, du récit collectif, de la révolution des nouvelles technologies dans le domaine de la culture ? Le changement visible se limite à une exposition consacrée à JRR Tolkien, dont Giorgia Meloni est fan, l’année dernière à Rome et à une série sur les grands personnages de l’histoire chers à la droite cette année sur la Rai. Il est vrai que de grandes expositions, festivals ou productions audiovisuelles sont prévus sur plusieurs années. Mais en matière de culture, Giorgia Meloni a jusqu’à présent plus défait que construit.