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En Italie, ces ours pourraient mettre un terme au réensauvagement

En février 2023, dans le cadre d’un acte controversé, les services forestiers de la province du Trentin, dans le nord de l’Italie, ont abattu un ours brun connu sous le nom de M90. Selon plusieurs témoignages, l’animal a scellé son sort en faisant preuve d’une « confiance excessive » auprès des hommes. Deux mois plus tard, en avril, une joggeuse était mortellement attaquée par un ours accompagné de ses oursons dans la même région des Alpes. Une situation qui a déchaîné les passions.

Couvrant huit pays, la plus grande chaîne de montagnes d’Europe abrite quelque 14 millions d’habitants, d’innombrables villes et villages et plus de 8 000 remontées mécaniques. Malgré les apparences, ce n’est pas seulement le territoire de l’homme. Sur le continent, seule la région méditerranéenne est en mesure de rivaliser avec la richesse de la flore et de la faune des Alpes. Les plantes endémiques des montagnes abondent, les forêts bordent les collines isolées et des milliers d’espèces animales y vivent, dont certains des prédateurs les plus charismatiques d’Europe. Le problème est que ces carnivores sauvages, aussi impressionnants soient-ils, sont loin d’être appréciés de tous.

Il y a plusieurs siècles, les loups, les lynx, les ours bruns et les vautours habitaient en grand nombre les Alpes, où ils vivaient depuis des millénaires. Les alpages étaient parsemés d’empreintes de pattes et les hurlements des loups résonnaient dans les vallées éclairées par la lune. Mais au fil du temps, les populations de ces animaux ont été décimées, victimes des persécutions et de la réduction de leur habitat. Certains ont réussi à survivre, mais ils comptaient beaucoup moins d’individus et étaient beaucoup plus fragmentés.

Depuis une trentaine d’années, des initiatives de conservation et de réensauvagement ont œuvré pour protéger ces créatures, allant parfois jusqu’à réintroduire des spécimens pour le bien de l’espèce, mais aussi pour la nature. À la fois chasseurs et charognards, ces animaux sont essentiels à l’équilibre de l’écosystème alpin, souvent fragile. Les ours qui vivent dans la région du Trentin, dont la population est passée de 10 à une centaine d’individus depuis la réintroduction des premiers spécimens capturés en Slovénie au début des années 2000, sont bien plus que des fauteurs de troubles poilus.

« Nous avons constaté une forte augmentation des populations de cerfs et de chevreuils, notamment dans les Alpes », observe Fabien Quétier, responsable de l’aménagement du territoire chez Rewilding Europe. « Lorsqu’ils sont présents à de telles densités, ces herbivores nuisent à la régénération naturelle de la végétation et peuvent provoquer des accidents de voiture par exemple. Les prédateurs jouent un rôle important dans leur régulation.

Le réensauvagement présente de nombreux avantages lorsqu’il est effectué de manière responsable. « C’est comme si vous remettiez la nature à zéro », déclare Natalya Jarlebring, qui travaille pour Milkywire, une organisation européenne qui finance des projets visant à lutter contre le changement climatique et à protéger la nature dans le monde entier. Autrement dit, cela aide la nature à retrouver son équilibre.

Le réensauvagement fait référence au processus de protection des écosystèmes et de restauration de leur fonctionnement naturel, y compris la réintroduction des animaux sauvages qui s’y trouvaient autrefois. Il s’agit aussi souvent de replanter des fleurs et des arbres endémiques ou de démanteler les clôtures pour laisser place à la nature. Mais pour des raisons évidentes, c’est la faune sauvage qui a tendance à faire la une des journaux.

Les loups, les ours et le lynx, beaucoup plus secret, s’attaquent au bétail, ce qui complique le débat. D’où la nécessité d’avoir une perspective globale, souligne Claudio Groff, chef de la Division des grands carnivores du Département de la faune du Trentin.

« Dans le Trentin, le pourcentage d’ours pouvant poser problème aux humains est très faible », explique-t-il. On l’estime généralement entre 5 et 10 % de la population, ce qui est similaire aux autres populations d’ours en Europe. »

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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