En Iran, la réponse de l’ayatollah Khamenei aux frappes israéliennes illustre le dilemme actuel de Téhéran
-/AFP
L’impasse du régime de Téhéran face aux attaques de son ennemi israélien a été parfaitement illustrée par la première réaction du guide suprême iranien, Ali Khamenei.
INTERNATIONAL – Une absence de représailles stratégiques. Alors qu’Israël a lancé samedi des frappes aériennes sur l’Iran, attaquant des sites militaires à Téhéran, la réponse du guide suprême iranien ce dimanche 27 octobre illustre la position délicate de l’Iran dans l’escalade du conflit dans la région.
Revendiquée publiquement par Israël, fait rarissime, cette attaque contre l’Iran n’a pas provoqué de réaction disproportionnée de la part de l’ayatollah Ali Khamenei. Dans une déclaration partagée sur X, le dirigeant iranien a simplement déclaré que le régime sioniste « faisait une erreur de calcul concernant l’Iran « .
» Ils n’ont toujours pas réussi à bien comprendre le pouvoir, l’initiative et la détermination du peuple iranien. Il faut leur faire comprendre ces choses « , a simplement déclaré l’Ayatollah, qui précise qu’il n’est pas nécessaire « ni exagérer ni minimiser » frappes menées par Israël.
Ali Khamenei n’a donc pas directement réclamé de réponse, préférant laisser aux autorités iraniennes le choix de la mesure à prendre, « dans le meilleur intérêt de la nation et du pays ». Des déclarations surprenantes à l’heure où une nouvelle escalade du conflit semblait redoutée par de nombreux pays et observateurs.
L’Iran est « coincé »
La balle étant désormais dans le camp iranien, les représailles militaires contre l’État juif semblaient légitimes. Mais ce dimanche, ce sont plutôt les réponses diplomatiques qui ont d’abord émergé à travers la voix du chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, qui a invité le secrétaire général de l’ONU à rassembler « une réunion urgente du Conseil de sécurité pour prendre une position décisive et condamner cette agression.
Peu après, le président iranien Massoud Pezeshkian affirmait que la République islamique ne cherchait pas la guerre, mais promettait une « réponse appropriée » aux frappes israéliennes de la veille sur des sites militaires iraniens.
Selon Presse associéecitant plusieurs experts, cette posture relativement inédite montre surtout l’impasse du régime de Téhéran. Condamné à répondre par la force, au risque de subir une réponse israélienne plus forte qui révélerait ses faiblesses. « L’Iran minimisera l’impact de ces frappes, qui sont en réalité assez graves »anticipait par exemple Sanam Vakil, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord au think tank Chatham House. A l’inverse, une absence de réponse enverrait « un signal de faiblesse », comme l’explique Thomas Juneau, professeur à l’Université d’Ottawa cité par AP.
Une incertitude sur la position à adopter qui s’explique aussi, selon Sanam Vakil, par l’incertitude provoquée par le résultat de l’élection présidentielle américaine. Sans oublier » contraintes militaires et économiques » OMS » bloqué » L’Iran en ce moment. En question? L’affaiblissement évident de son principal allié face à Israël, le Hezbollah.
Rouvrir les négociations
Cité par l’AFP, Joost Hiltermann, directeur du programme Moyen-Orient à l’International Crisis Group, souligne le fait que les États-Unis ont poussé à ce que les représailles israéliennes soient « proportionné pour que l’Iran n’ait pas besoin de répondre ». Une opération israélienne finalement volontairement limitée, comme l’a indirectement confirmé le Premier ministre israélien. Benjamin Netanyahu a déclaré ce dimanche que l’attaque « précis et puissant » du samedi au « atteint tous ses objectifs », alors qu’elle n’a pas causé de dégâts majeurs à son ennemi.
Une réponse diplomatique plutôt que militaire de la part de l’Iran viserait également à engager de nouvelles négociations pour réduire les tensions dans la région. Avec un double objectif pour Téhéran. Celle d’ouvrir la porte à un nouvel accord nucléaire avec les Etats-Unis, qui permettrait à terme l’assouplissement des sanctions internationales contre le pays. Une volonté également prouvée par les récentes déclarations du président iranien Masoud Pezeshkian, qui assumait en août qu’il ne voyait pas « pas de mal » s’engager avec son » ennemi « .
Par ailleurs, l’armée iranienne a publié samedi un communiqué affirmant qu’à l’heure actuelle, un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et au Liban est plus important que des représailles contre Israël. Par ailleurs, de nouvelles négociations sont attendues ce dimanche à Doha pour envisager l’idée d’une trêve à Gaza.
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