En Iran, Amnesty International alerte sur une explosion des exécutions en 2023
LUDOVIC MARIN / AFP
Amnesty International fait état de 1 153 exécutions recensées dans le monde en 2023. (Photo prise lors d’un rassemblement « Femme. Vie. Liberté », le 16 janvier 2023 à Paris.)
INTERNATIONAL – C’est le pire bilan depuis 2015. Dans son rapport annuel sur le recours à la peine de mort dans le monde publié ce mercredi 29 mai, l’association de défense des droits humains Amnesty International recense 1.153 exécutions en 2023. Cela représente une augmentation de 31% contre 883 exécutions enregistrées en 2022, principalement dues à un seul pays : l’Iran.
Téhéran, qui se rapproche de la Chine et de la Russie alors que ses relations se tendent encore plus avec Israël en marge de la guerre à Gaza, a procédé à 853 exécutions en 2023, soit un bond de 48 % par rapport à 2022. « Ce chiffre représente environ 74% du total enregistré pour le monde entier »souligne Amnesty International dans son étude.
« Les autorités iraniennes ont fait preuve d’un mépris total pour la vie humaine »a souligné la secrétaire générale d’Amnesty International Agnès Callamard, citée dans un communiqué.
La majorité des condamnations liées aux stupéfiants
Autre source d’inquiétude pour l’ONG : les raisons de plus en plus nombreuses invoquées par l’Iran pour justifier les condamnations à mort. « Sur les 853 exécutions enregistrées en Iran, au moins 545 étaient liées à des actes qui ne devraient pas être punis de mort en vertu du droit international.rapporte Amnesty International, qui souligne que 56 % des condamnations sont liées à une infraction à la législation sur les drogues.
Alors que la majorité des décès résultaient de condamnations pour délits liés à la drogue ou pour meurtre, 38 personnes ont été exécutées pour « inimitié contre Dieu » Ou « la corruption sur terre »et au moins 22 personnes pour adultère, comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessous :
Amnesty International
Graphique d’Amnesty International montrant la répartition des infractions pour les 853 exécutions en 2023.
Le recours à la peine capitale concerne également davantage les hommes que les femmes. Elle a été prononcée contre 821 hommes iraniens, contre 24 femmes iraniennes et huit personnes dont le sexe est inconnu. Amnesty International a également recensé cinq exécutions de personnes mineures au moment des crimes dont elles étaient accusées, et un jeune homme a été exécuté à seulement 17 ans.
Répandre la peur après le soulèvement » Les femmes. La vie. Liberté «
Pour Amnesty International, cette augmentation des condamnations reflète, entre autres, une volonté du gouvernement iranien de semer la peur au sein de la population en réponse au soulèvement. » Les femmes. La vie. Liberté « causée par la mort de Mahsa Amini en septembre 2022. Les autorités ont ainsi eu recours à la peine de mort pour punir au moins six personnes ayant participé à des manifestations nationales opposées à l’idéologie de la République islamique.
Outre l’Iran, le nombre d’exécutions enregistrées a également augmenté aux États-Unis, en Somalie et au Yémen en 2023 par rapport à 2022, souligne Amnesty International. Quant à la Chine, la Corée du Nord et le Vietnam, « le recours au secret d’État et à d’autres pratiques restrictives » a empêché l’ONG d’évaluer précisément le recours à la peine de mort.
Des améliorations ont cependant été soulignées par Amnesty International : la peine capitale a été abolie au Pakistan et le nombre d’exécutions a diminué en Arabie saoudite, en Égypte et à Singapour. Mais le fait que le nombre d’exécutions ait atteint son plus haut niveau depuis près d’une décennie montre clairement que le chemin vers l’abolition de la peine de mort dans le monde reste encore très long.
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