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En Inde, des milliers de personnes manifestent après le viol et le meurtre d’une interne en médecine – Libération

Douze ans après le viol collectif d’une étudiante dans un bus, qui avait indigné l’opinion publique, les crimes commis il y a une semaine contre un agent de santé ont donné lieu à de nombreuses manifestations nocturnes dans tout le pays pour réclamer justice.

Des bougies, des milliers de femmes, des manifestants, une foule compacte et ce slogan : « Nous voulons la justice ! » Scandé ou brandi sur des pancartes, il était incontournable dans la nuit du 14 au 15 août, lors des manifestations qui ont illuminé les rues de Calcutta et d’autres villes indiennes. Non pas pour célébrer le 77e anniversaire de l’indépendance de l’Inde, mais pour protester contre le viol et le meurtre d’une interne en médecine du RG Kar Medical College and Hospital de Calcutta, un établissement public.

Une semaine après ces crimes commis le 9 août dans la capitale du Bengale occidental, au nord-ouest du pays, la pression ne faiblit pas. Et la réaction du Premier ministre Narendra Modi, qui a déclaré que « Les comportements monstrueux envers les femmes doivent être sévèrement et rapidement punis », n’apaise pas la colère, la douleur, l’indignation. Comme si les faits restaient indigestes. Le quotidien indien Le Télégraphe les résume comme suit : « Cette médecin de 31 ans, de garde depuis 36 heures, cherchait un endroit pour se reposer. Elle en a trouvé un sur son lieu de travail. Une salle de séminaire. C’est là qu’elle a été violée et assassinée. Pendant la nuit. »

« Quelle liberté célébrons-nous ? »

L’affaire cristallise un échec des institutions, entre l’hôpital qui a d’abord parlé d’un suicide, la police qui « n’a pas jugé bon d’ouvrir une enquête pour meurtre lorsque les parents se sont plaints (La Haute Cour de Calcutta a finalement transféré l’affaire, mardi 13 août, au Bureau central d’enquête, une agence fédérale, ndlr)»l’arrestation d’un seul individu alors que les premiers indices favorisaient la piste d’un viol collectif, décrit le journal. Il révèle également les conditions de travail « abominable » médecins et internes dans les hôpitaux publics et « un système de santé publique défaillant ». Autant de frustrations qui ont jeté des milliers de personnes dans la rue.

« Quelle liberté célébrons-nous si une femme n’est pas en sécurité sur son lieu de travail ? » demande Dharitri Chaudhuri, 25 ans, qui filme la manifestation au milieu d’une foule diversifiée pour la BBC à la veille des célébrations de l’indépendance. « En fait, le pays n’a jamais obtenu son indépendance, se plaint un manifestant sur le réseau social X. Douze ans après Nirbhaya« Nous devons encore marcher avec des bougies pour exiger la justice. » Le hashtag #Nirbhaya ou #Nirbhaya2 fait référence au viol collectif dans un bus et au décès consécutif à ses blessures d’une étudiante de 23 ans, qui a scandalisé l’opinion publique en décembre 2012.

« Personne ne peut dicter qui peut être dehors et pourquoi »

Les mobilisations nocturnes répondent au slogan «Récupérez la nuit» (qui peut se traduire par « reconquérir la nuit »), en référence aux slogans des mouvements de libération des femmes, notamment en Angleterre, dans les années 1970. Le mouvement a pris son essor après une publication retentissante sur Facebook le 10 août de la chercheuse en sciences sociales Rimjhim Sinha. Elle a fait part de sa décision « de passer la veille du Jour de l’Indépendance ‘là-bas’ à faire ce qu’elle voulait, au nom de la liberté des femmes », résume le Télégraphe. Une réaction aux propos tenus par un responsable du RG Kar Medical College and Hospital de Calcutta : « Il avait demandé pourquoi la jeune femme était allée seule dans la salle de séminaire. (se reposer). Un tel commentaire, qui fait porter la responsabilité sur la victime, ne peut être accepté, elle soutient. Personne ne peut revendiquer la nuit et dicter qui peut sortir et pourquoi.

Aux demandes de justice pour l’interne violée et assassinée s’ajoutent d’autres revendications : le transport de nuit pour les femmes, l’installation de toilettes séparées pour les hommes et une crèche sur le lieu de travail. Lundi, les médecins travaillant dans les hôpitaux publics de plusieurs États indiens ont suspendu les soins non urgents pour une période de « indéterminé », exigeant davantage de sécurité sur leur lieu de travail.

Les violences sexuelles contre les femmes sont très répandues en Inde. En 2022, près de 90 viols ont été signalés chaque jour dans le pays le plus peuplé du monde, qui compte 1,4 milliard d’habitants. Après le viol collectif de 2012, le gouvernement a alourdi les peines pour les violeurs et a prononcé la peine de mort pour les récidivistes. Plusieurs nouvelles infractions sexuelles ont également été introduites depuis, comme le harcèlement, et des peines de prison ont été prévues pour les fonctionnaires qui n’enregistrent pas les plaintes pour viol.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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