En Guadeloupe, dix enquêtes ouvertes pour « homicide » ou « blessures involontaires »
L’affaire des airbags Takata a éclaté en 2014 et depuis, les autorités américaines confirment que la détérioration d’un gaz rendait ces airbags potentiellement dangereux, notamment dans les régions aux climats chauds et humides. En cas d’accident, lors du déclenchement de l’airbag, de petites pièces pourraient être projetées et provoquer des blessures graves.
Et en Guadeloupe, au total dix enquêtes ont été ouvertes pour « homicide » ou « blessures involontaires », ont indiqué les procureurs de la République de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre. Ils concernent les véhicules Citroën, mais aussi Ford, Toyota et Nissan.
Des enquêtes « longues et techniques »
« Alors qu’une enquête porte, depuis juin 2023, sur cinq accidents, dont trois pour « homicide involontaire », deux nouveaux décès ont été identifiés comme liés à ce matériel défectueux », rapporte ce vendredi Guadeloupe 1ère. Parmi ces cas concernés, cinq cas mortels et accidents dont les victimes souffrent encore de graves séquelles, détaille Le Figaro qui révèle l’affaire.
Le procureur de Basse-Terre, Xavier Sicot, souligne la complexité de ces dossiers, réclamant « des enquêtes longues, techniques, avec de probables dimensions internationales ». Selon Grégory Guyard, avocat de plusieurs familles de victimes, « la campagne de rappel a très mal fonctionné, car Citroën n’écrivait qu’aux primo-accédants ». Il accuse le groupe d’avoir eu connaissance du problème et d’avoir « agi au strict minimum » pour « ne pas faire de vagues ».
Une pommette cassée et un œil arraché
L’une de ces dix enquêtes portera sur le cas d’un jeune homme de 29 ans victime d’un accident de la route en Guadeloupe en octobre 2022, à bord d’une Citroën C3 d’occasion. Selon Le Figaro, il a perdu le contrôle de son véhicule et a percuté un tas de pierres dans un « léger impact » qui a déclenché l’ouverture de l’airbag. Résultats : des débris métalliques partout sur le visage, une pommette cassée et un œil arraché.
Ce rappel massif de Citroën en Europe lié à cette vieille histoire d’airbags Takata défectueux met la marque dans la tourmente, avec des centaines de milliers de clients priés de ne plus utiliser leur véhicule jusqu’à ce qu’il soit réparé. Des dizaines de millions de voitures de nombreuses marques (Mazda, Ford, Honda, BMW) ont depuis été rappelées pour remplacer les airbags, avec un rappel final annoncé par Nissan jeudi. Le rappel concerne au total 605.772 véhicules Citroën C3 (le modèle le plus vendu de la marque, devant la 2CV) et DS3, vendus entre 2009 et 2019 dans une vingtaine de pays d’Europe du Sud, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. .
Près de 60 000 véhicules de courtoisie
Le remplacement des airbags a depuis été organisé dans le réseau de concessionnaires. Stellantis, maison mère de Citroën, Peugeot et 13 autres marques, va déployer près de 60 000 véhicules de courtoisie tout au long du mois de juin, dont 25 000 en France.
Cet accompagnement est poussif et très insuffisant, estiment de nombreux clients, notamment en Guadeloupe, qui souhaitent reprendre la route au plus vite et être indemnisés du danger encouru au fil des années. Le directeur de Citroën a promis vendredi « des améliorations dans les jours et semaines à venir » dans l’accompagnement des clients concernés, tandis que la marque lance également en grande pompe la 4e génération de la C3.