La mobilisation monte d’un cran à la centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle. Inquiets pour leur avenir, plusieurs dizaines de salariés réunis ce mardi 4 juin en assemblée générale, ont voté en faveur d’une grève illimitée, à l’appel de la CFDT et de la CFE-CGC, les deux organisations représentatives.
Tôt ce mercredi matin, des salariés de GazelEnergie ont bloqué l’accès au site provoquant d’importantes perturbations sur la route nationale 33. Ils réclament une feuille de route claire pour le projet de valorisation de la biomasse promise par Emmanuel Macron lors de sa visite dans le journal France 2, le 24 septembre 2023.
Ce projet, dont les contours ne sont toujours pas connus des 90 salariés et 130 sous-traitants de l’unité charbon du site, doit néanmoins prendre forme avant 2027, date à laquelle le gouvernement s’est engagé à cesser toute production alimentée au minerai noir, en vue de décarboner l’énergie. « Qu’il soit rose ou sombre, il faut être fixé sur le sort qui nous est réservé »» déclare Thomas About, délégué syndical CFDT à la centrale Emile-Huchet, lassé du silence assourdissant de l’exécutif.
Dans une lettre adressée à l’Élysée, la sénatrice LR Catherine Belrhiti, soutenue par 422 élus locaux cosignataires, s’alarme : « Aujourd’hui, ces considérations semblent s’être évaporées, la centrale Émile-Huchet est de nouveau en danger et la situation de ses employés et sous-traitants est préoccupante. Depuis des mois, le gouvernement tergiverse mais il y a désormais urgence. Des réponses doivent être apportées, au risque de mettre en péril le site industriel et ses emplois. »
Licencié puis rappelé
La centrale EDF Cordemais en Loire-Atlantique et celle de Gazel Energie à Saint-Avold sont les deux dernières centrales thermiques encore alimentées au charbon en France. Pour mémoire, lors de sa campagne de 2017, le candidat Macron avait déjà promis la fermeture des deux sites, avec celui de Gardanne (Bouches-du-Rhône), d’ici la fin de son premier quinquennat. Si l’activité charbonnière de Gardanne est effectivement à l’arrêt depuis 2018, il en va autrement pour les deux rescapés sur lesquels planent encore de grandes incertitudes.
En mars 2022, dans cette perspective de décarbonation, 87 salariés de GazelEnergie ont été licenciés, sur le site mosellan, avant d’être rappelés en catastrophe six mois plus tard, pour rouvrir l’usine et faire face aux tensions sur le marché de l’énergie. énergie. Les risques de pénurie énergétique ont en effet poussé le gouvernement à relancer la machine en novembre 2022, puis à nouveau en janvier dernier.
« Après avoir bouleversé le calendrier à plusieurs reprises, l’État doit désormais se montrer concret », soutient le syndicaliste Thomas About. Selon lui, « le projet Emil’Hy (contraction d’Emile-Huchet et hydrogène) de production d’hydrogène bas carbone à Saint-Avold permettrait d’asseoir notre souveraineté énergétique et d’éviter la rupture sociale ». Sans garanties des pouvoirs publics, les salariés de GazelEnergie poursuivront leurs actions, avec notamment un blocus de la ligne TGV qui relie Sarrebruck en Allemagne à Metz.