En France, près de 40% des paquets de cigarettes ne viennent pas des bureaux de tabac
Une étude du Seita révèle qu’en 2023, près de 40 % des cigarettes consommées en France ont été achetées légalement ou non en dehors du réseau des buralistes. Une perte sèche pour l’Etat et pour les distributeurs.
Une drôle d’équation. En France, le prix des cigarettes augmente, le nombre de fumeurs se stabilise à près de 12 millions et les ventes dans les bureaux de tabac diminuent. Dans sa dernière étude « Empty Pack Survey* », Seita explique ce phénomène : 39,8% des cigarettes consommées en France sont achetées hors des réseaux de vente nationaux. Lorsqu’il ne s’agit pas de contrefaçons, il s’agit de cigarettes de contrebande ou achetées légalement dans d’autres pays ou en duty free.
Pour analyser cette situation, Seita utilise une méthode éprouvée depuis plusieurs années. Les enquêteurs récupèrent les colis vides laissés par les consommateurs dans l’espace public. Cette collecte se fait en France, mais également dans plusieurs villes européennes.
« Pour réaliser cette radiographie de la consommation, des collecteurs récupèrent les colis au sol ou au-dessus des poubelles dans 126 villes de France. Ils sont ensuite envoyés aux industriels qui analysent leur origine », explique Hervé Natali, responsable des relations territoriales. Seïta.
Ce comportement, qualifié de fraude fiscale par les autorités, s’explique par une politique tarifaire destinée à inciter les fumeurs à arrêter de fumer.
« Les catégories les moins avantagées sont celles qui fument le plus et cherchent à acheter moins cher, mais le phénomène touche beaucoup plus de personnes avec la facilité d’obtenir des cigarettes à moitié prix », explique Hervé Natali.
27 tonnes de tabac saisies
Les cinq régions où les achats de contrebande sont les plus élevés sont Provence Alpes Côte d’Azur (41,80 %), la Nouvelle Aquitaine (41,50 %), l’Ile-de-France (40,90 %), la Bretagne (40). ,30%) et Bourgogne Franche Comté (40,30%).
Les services des douanes mènent une traque contre ce trafic. Fin mars, plus de 27 tonnes de tabac ont été saisies lors d’une opération à travers la France baptisée « Colbert II », l’équivalent de 20 millions d’euros de recettes pour l’Etat. Cette opération a duré une semaine et a nécessité l’intervention de plus de 10 000 agents de l’Etat dont 5 300 douaniers.
« Plus de 27 tonnes de tabac ont été saisies, soit trois fois plus que lors de la première opération Colbert en juin 2023 », a détaillé le ministre délégué chargé des Comptes publics Thomas Cazenave lors d’un point de presse. .
Le ministre a salué des « résultats historiques », représentant « 1,7 million de paquets, 33 millions de cigarettes et une perte de 20 millions d’euros » pour l’Etat. Le trafic de tabac représente chaque année plusieurs milliards d’euros de pertes pour les finances publiques.
La chasse aux passeurs devrait se poursuivre encore longtemps. Pour se conformer à la législation européenne, la France a supprimé la limite de 200 cigarettes, soit une cartouche, qu’un fumeur était autorisé à rapporter d’un autre pays de l’UE. Le niveau à partir duquel les douanes peuvent considérer qu’il ne s’agit plus d’une consommation personnelle est fixé par la réglementation européenne à 800 cigarettes (4 cartouches), 400 cigarillos, 200 cigares et 1 kg de tabac à fumer.
En revanche, d’ici 2026, le prix du paquet de cigarettes doit encore augmenter dans le cadre du plan de lutte contre le tabagisme. Le paquet coûte aujourd’hui environ 11 euros et passera à 12 euros en 2025, puis à 13 euros en 2026. L’Espagne reste l’un des pays d’Europe où le tabac coûte le moins cher avec un prix du paquet autour de 5 euros.
* Etude cofinancée par Imperial Brands, société mère de la SEITA. Le panel d’étude comprend 126 villes de France métropolitaine, couvrant près de 22 % de la population française.