Plus d’une trentaine de dissolutions de groupes ou d’associations politiques depuis 2017 ; les multiples interdictions de manifestations contre la réforme des retraites ou en faveur de la Palestine ; interdictions de meetings politiques comme celui de Jean-Luc Mélenchon à la mi-avril ; convocations policières de personnalités de l’opposition – par exemple Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale – pour « apologie du terrorisme » ; la condamnation d’un dirigeant de la CGT à un an de prison avec sursis pour le même délit… La France connaît-elle un virage autoritaire, comme le dénoncent une partie de la gauche et de l’extrême gauche ?
Depuis le 7 octobre 2023, jour de l’attentat terroriste du Hamas en Israël, suivi de la réponse militaire de l’État hébreu, la mobilisation autour de la défense des Gazaouis s’est intensifiée : les appels à manifester se sont multipliés, tout comme les manifestations dans les universités. . Des positions politiques, souvent controversées, sont prises quotidiennement. La plupart du temps, ils sont issus de la gauche et de l’extrême gauche, qui dénoncent un risque de « génocide » d’Israël.
Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a pris le 10 octobre 2023 une circulaire demandant « une réponse pénale ferme et rapide » face à l’antisémitisme et «l’apologie du terrorisme» OMSsselon ce texte, est constitué par «des propos faisant l’éloge des attentats (du Hamas)les présentant comme une résistance légitime à Israël ».
Mais le tournant répressif n’a pas commencé le 7 octobre. Les premières coupes dans l’exercice de certaines libertés sont un peu plus anciennes, notent ceux qui les déplorent. « Un premier basculement intervient après 2015 et l’état d’urgence suite aux attentats islamistes, puis avec l’intégration de certaines mesures dans le droit commun »estime Arié Alimi, avocat et membre de la Ligue des droits de l’Homme (LDH).
Par ailleurs, depuis cette date, de nombreux mouvements sociaux ont eu lieu, parfois durs, générant une réponse policière très musclée. Citons par exemple l’opposition à la loi « travail » (2016), les « gilets jaunes » (2018-2019) ; le mouvement contre la loi « sécurité globale » (2021), puis contre la réforme des retraites (2023)… « Durant cette période, nous avons assisté à une augmentation des violences policières, à une brutalisation du maintien de l’ordre, poursuit l’avocat. Concernant le droit de manifester, il y a eu une inversion de paradigme : avant, la liberté était le principe et les interdits étaient rarissimes. »
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