Pourquoi migre-t-on en France ? En 2023, dans un pays où vivent 7,3 millions d’immigrés, soit 10,7 % de la population, une majorité déclare avoir été poussée par des raisons familiales à quitter son pays. C’est ce qui ressort d’une série d’études publiées par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) jeudi 29 août, à partir des déclarations d’immigrés âgés de 18 à 59 ans arrivés en France à 16 ans au moins. Les motifs de migration tendent néanmoins à se diversifier, au profit de motivations économiques ou étudiantes.
Ainsi, les immigrés originaires du continent africain, qui représentent près d’un immigré sur deux en 2023 (48%), déclarent, pour près de la moitié d’entre eux (46%) être venus en France pour accompagner ou rejoindre un membre de leur famille. C’est encore plus vrai pour les immigrés originaires du Maghreb, dont 53% évoquent des raisons familiales.
Cette prédominance du motif familial se retrouve chez 43% des immigrés en provenance d’Asie, qui constitue le troisième continent d’origine des immigrés en France – avec 14% du total -, derrière les immigrés en provenance du continent européen (32% du total).
« Renouvellement »
Les Européens le précisent également : 34% d’entre eux déclarent avoir émigré pour des raisons familiales, mais ils sont plus nombreux (37%) à dire avoir quitté leur pays pour trouver du travail ou améliorer leur situation professionnelle. « Cela s’explique notamment par le fait que les immigrés intracommunautaires peuvent plus facilement travailler en France »affirme Pierre Tanneau, responsable de l’unité statistiques et études sur l’immigration à l’Insee.
Si l’on regarde de plus près les immigrés en provenance du Portugal, qui constituent le groupe le plus nombreux après les Algériens (890 000) avec près de 580 000 immigrés, 65% d’entre eux invoquent des raisons économiques, contre 44% des Italiens et des Espagnols. « L’immigration en provenance du sud de l’Europe a connu un regain dans les années 2010 dans un contexte de crise économique »analyse Pierre Tanneau.
Ainsi, entre 2009 et 2012, le nombre d’immigrés venus d’Espagne ou du Portugal a presque doublé, souligne l’Insee. Si l’on s’intéresse aux emplois occupés par les Portugais, qui sont les plus nombreux, il apparaît qu’ils sont surreprésentés dans certaines professions. Selon une étude de la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail datée de 2021, 14 % des employés de maison sont nés au Portugal ; c’est aussi le cas d’environ 8 % des ouvriers du bâtiment et de 4,9 % des gardiens et agents de sécurité.
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