En finir avec la laïcité démocratique : épisode • 4/8 du podcast En finir avec la démocratie
Comment une société sans religion commune peut-elle rester unie ? Nous avons désormais la réponse : ce n’est pas facile. Dominique SchnapperLa désillusion est inhérente à la démocratie. Le sociologue explique que « la plupart des sociétés humaines entretiennent une conception du monde et de l’au-delà qui s’incarnent dans des formes religieuses, qui donnent un sens à la vie des hommes et leur font accepter les inévitables contraintes de la vie collective. Les religions traditionnelles ont joué ce rôle social. La critique de la religion au nom de la raison, à partir des Lumières, a donné naissance à ces déviations extrêmes que furent le fascisme et le nazisme au XXe siècle, qui entendaient apporter une autre transcendance pour organiser la société. Face à ces religions laïques, la démocratie est faible. »
Ainsi, la fatigue démocratique s’accompagne parfois d’une nostalgie des régimes autoritaires passés et des grandes figures qui les ont créés. Au siècle dernier, le communisme et le nazisme ont offert aux peuples de véritables religions laïques : les gens étaient prêts à se sacrifier pour Hitler ou Mussolini. Qu’en est-il des dirigeants populistes d’aujourd’hui ? Marc Lazar, Si certains des partisans de Donald Trump qui l’ont suivi lors de la prise du Capitole en janvier 2021 auraient été prêts à mourir pour leur leader, les cas européens sont différents. « Le recours à la violence et le sacrifice ultime n’existent plus », estime l’historien, « la majorité des populistes nationaux ne sont plus des fascistes ou des nazis. Au sein de l’AAD en Allemagne, il y a des gens qui sont fidèles au nazisme, et dans le parti de Giorgia Meloni, il y a encore des nostalgiques du fascisme. Mais la dynamique de ces partis est de s’en éloigner ».