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En Europe, le grand bouleversement du marché du travail

Lashan Pathiraja, 30 ans, originaire du Sri Lanka, travaille dans un restaurant à Bucarest, en Roumanie, le 11 mars 2024.

« Dans les années 1990, on disait que si nous résolvions le problème du chômage, il n’y aurait plus de populisme. Ça ne prend pas le chemin… », constate avec inquiétude Gilles Moëc, chef économiste chez Axa. Les sondages pour les élections européennes, du 6 au 9 juin, prédisent en effet une nette poussée de l’extrême droite, alors que, sur le front du chômage, l’Europe vit une véritable révolution.

Il y a dix ans, en pleine crise de la zone euro, l’emploi était la principale préoccupation. Le chômage en 2014 atteint 12% dans la zone euro, 27% en Grèce, 25% en Espagne, 13% en Italie, 10% en France. Aujourd’hui, il a été réduit de moitié : 6,5% dans la zone euro, 10,2% en Grèce, 11,7% en Espagne, 7,2% en Italie et 7,3% en France. Quant à l’Allemagne et aux Pays-Bas, ils sont proches du plein emploi, avec un chômage autour de 3 %. Au total, l’Union européenne (UE) compte 20 millions d’emplois de plus qu’il y a dix ans. « C’est quand même une bonne nouvelle, même si personne ne semble en parler »poursuit M. Moëc.

Andrew Kenningham, responsable de l’économie européenne au sein du cabinet d’études Capital Economics, se félicite également, «cette croissance spectaculaire de l’emploi»mais résume le problème en une phrase : « L’Europe s’est orientée vers un modèle un peu plus américain, où tout le monde a un travail, mais un travail pourri. » « Minijobs » en Allemagne, contrats d’horaires flexibles, travailleurs sur les plateformes de livraison (Deliveroo, Uber Eats, etc.)… Sur tout le Vieux Continent, les réformes du marché du travail se sont multipliées, afin de simplifier les licenciements, réduire les aides aux chômeurs, et réduire les obligations des employeurs.

En France, les lois El Khomri (2016), qui réduisent le coût des licenciements et diminuent l’encadrement du temps de travail, suivies par les lois Pénicaud (2017), qui inversent la hiérarchie des normes en donnant la primauté aux accords de branche, relèvent de cette problématique. s’orienter. Le durcissement des règles de l’assurance chômage, annoncé en février par le Premier ministre Gabriel Attal, s’inscrit dans la même logique.

L’exemple de l’Espagne est également révélateur. En 2022, Madrid a inventé les « travailleurs fixes discontinus », un contrat à durée indéterminée, mais payé seulement pendant un certain nombre de mois par an, en fonction de l’activité de l’entreprise (souvent pendant les mois correspondant à la haute saison touristique ou, en construction, pour un nouveau site). L’avantage pour les salariés : l’entreprise est obligée de faire appel à ses « salariés discontinus » lors de la reprise de l’activité. L’avantage pour le gouvernement : ces personnes échappent aux chiffres du chômage, même si elles connaissent de nombreux mois d’impayés.

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Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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