En Espagne, le leader de la droite ne parvient pas à briguer le poste de Premier ministre

Faute de soutien suffisant, le leader de la droite espagnole, Alberto Nunez Feijoo, a vu mercredi le Parlement rejeter sa candidature au poste de Premier ministre. Le compte à rebours de deux mois a commencé avant la convocation de nouvelles élections législatives.
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Les socialistes espagnols ont affirmé fin août que l’échec d’Alberto Nunez Feijoo était « inévitable ». Comme prévu, faute de soutiens suffisants, le leader de la droite espagnole a vu, mercredi 27 septembre, le Parlement rejeter sa candidature au poste de Premier ministre.
Cet échec lance un compte à rebours de deux mois avant la convocation de nouvelles élections législatives.
Deux mois durant lesquels le chef du gouvernement sortant, le socialiste Pedro Sanchez, qui a prouvé ces dernières années sa capacité de survie politique, pourra à son tour tenter d’obtenir la confiance du Parlement pour revenir au pouvoir.
Arrivé en tête des élections législatives du 23 juillet, qui n’ont pas permis d’obtenir une majorité claire, Alberto Nunez Feijoo a récolté mercredi 172 voix : celles des députés de son Parti populaire (PP), la formation d’extrême droite. Vox et de deux petites soirées.
Il lui fallait cependant obtenir le soutien de la majorité absolue de la Chambre des députés pour être investi, soit 176 voix sur 350.
Un deuxième échec probable à venir pour Feijoo…
Chargé par le roi Felipe VI de tenter de former un gouvernement, le leader du PP se soumettra vendredi à un deuxième vote, où une majorité simple lui suffirait. Mais, sauf improbable retournement de situation, il ne pourra pas non plus l’emporter puisque 178 députés ont voté contre sa candidature mercredi.
Conscient de son échec prochain, Alberto Nunez Feijoo a passé la majeure partie de la séance d’investiture, qui s’est ouverte mardi, à s’en prendre à Pedro Sanchez et aux indépendantistes catalans dont dépend l’éventuelle reconduction du socialiste au pouvoir.
Assurant défendre « l’intérêt général » et « l’égalité de tous les Espagnols », il a accusé son rival socialiste, qui ne s’est pas exprimé dans l’hémicycle, de céder au « chantage de ceux qui ne croient pas en notre pays ».
Mardi, il avait déjà critiqué le fait que l’éventuelle reconduction de Pedro Sanchez dépendrait uniquement « de ce que veut ou ne veut pas (Carles) Puigdemont », leader de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, détesté par la droite.
Faiseurs de rois dans un Parlement très fragmenté, Carles Puigdemont et les sept députés de son parti réclament l’amnistie des indépendantistes catalans poursuivis par la justice espagnole en échange de leur soutien. « Une attaque directe contre les valeurs démocratiques essentielles de notre pays » et un « chantage », selon Alberto Nunez Feijoo.
…et des négociations périlleuses avec les indépendantistes pour Sanchez
Au-delà de la farouche opposition de droite, qui a mobilisé des dizaines de milliers de personnes dimanche dans le centre de Madrid, cette éventuelle amnistie suscite le malaise de certains membres du Parti socialiste, groupe qui a catégoriquement rejeté par la passe une telle idée.
Des négociations périlleuses se profilent donc pour Pedro Sanchez, qui devra trouver une formule qui satisfera les indépendantistes sans déclencher de révolte au sein de son parti.
Optimiste quant à son retour au pouvoir, le Premier ministre, qui a déjà gracié en 2021 les indépendantistes condamnés à la prison pour les événements de 2017, n’a rien dit publiquement sur cette amnistie mais a promis d’être « cohérent avec la politique de retour à la normale » en Catalogne. qu’il applique depuis son arrivée au pouvoir en 2018.
Avec l’AFP