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En Egypte, la montée en puissance du sulfureux Ibrahim El-Argani, ancien contrebandier devenu figure incontournable du régime d’Al-Sissi

L'homme d'affaires Ibrahim El-Argani, à El-Arich (Egypte), le 31 octobre 2023.

Depuis que les chars et les soldats israéliens ont pris le contrôle, mardi 7 mai, du poste frontière de Rafah, entre la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï, les acheminements d’aide humanitaire et les évacuations de civils ont été interrompus. En coulisses, la manœuvre israélienne ne convient pas à un homme qui continue de faire parler de lui en Egypte. En une décennie, grâce à ses relations avec les services de renseignement égyptiens, Ibrahim El-Argani, 50 ans, s’est octroyé un quasi-monopole sur la gestion des entrées et sorties de l’enclave palestinienne. Il est surnommé le « roi du passage de Rafah ».

Dès 2019, sa société, Hala Consulting and Tourism Services, proposait aux riches Palestiniens un « service VIP » leur permettant de surmonter les obstacles sécuritaires et bureaucratiques qui faisaient de la traversée du terminal un enfer pour le Gazaoui moyen. Après le déclenchement de la guerre, la société s’est imposée comme intermédiaire obligatoire pour les civils fuyant les combats, moyennant le paiement d’un droit de passage prohibitif, d’un montant de 5 000 dollars (4 600 euros) par personne. adulte.

Au même moment, Abnaa Sinaï (Fils du Sinaï), une autre de ses pharmacies, rassemblait des centaines de milliers de l’argent des contribuables pour superviser le transit des camions de marchandises et d’aide humanitaire vers l’enclave palestinienne. En quelques mois, selon une enquête menée par FoisLes affaires de Rafah auraient rapporté à son groupe, appelé Organi, des bénéfices d’au moins 88 millions de dollars.

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Ce leader bédouin, ancien passeur, est devenu une figure incontournable du régime d’Abdel Fattah al-Sissi. Passant de l’ombre à la lumière, de la prison aux cercles les plus fermés du pouvoir, il connaît une ascension fulgurante, concomitante au règne du raïs égyptien, qui fait de lui un homme d’affaires extrêmement riche, à la tête seulement d’un puissant conglomérat. , mais aussi d’un groupe armé s’apparentant à une milice d’État.

Parce que le 1euh En mai, El-Argani a été nommé à la tête de l’Union des tribus arabes, regroupant les dirigeants d’une trentaine de tribus bédouines à travers le pays. Avec Al-Sissi lui-même comme président d’honneur, l’organisation n’a pas de mandat militaire officiel, mais elle contrôle de nombreux hommes armés. Sa mission : défendre la souveraineté du pays et la protection de ses frontières, notamment avec Gaza et éventuellement avec la Libye et le Soudan.

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Originaire de la puissante tribu bédouine des Tarabin, Ibrahim Al-Argani est né en 1974 dans la ville de Cheikh Zuweid, au nord de la péninsule, où il a débuté comme chauffeur de taxi, impliqué dans la contrebande entre Gaza et Israël.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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