EN DIRECT – Manifestations en France : « Je suis sous la surveillance de tous les Français », déclare Michel Barnier
Tout juste nommé à Matignon, Michel Barnier est confronté samedi à des tirs croisés de la gauche, qui a appelé à manifester dans des dizaines de villes pour dénoncer « un coup de force » à l’appel de La France insoumise, et du Rassemblement national, qui dit placer le nouveau Premier ministre « sous surveillance ». Le Premier ministre a également effectué son premier déplacement depuis sa nomination, ce jeudi, à l’hôpital Necker à Paris.
Informations clés :
- Plusieurs manifestations ont lieu partout en France contre le « coup d’État de Macron »
- Michel Barnier a effectué sa première visite officielle à l’hôpital Necker à Paris
- Le Premier ministre a répondu aux propos de Jordan Bardella en affirmant qu’il était « sous la surveillance de tous les Français »
- Jean-Luc Mélenchon a assuré que son parti voterait « la censure d’un tel gouvernement à l’Assemblée nationale »
« Je suis sous la surveillance de tous les Français »
A l’issue de sa première visite officielle à l’hôpital Necker à Paris, le Premier ministre Michel Barnier a déclaré qu’il n’était « pas là pour faire des annonces ou de la frime, mais il faut comprendre pour agir, il y a des progrès à faire dans l’organisation, des économies à faire. Je vais continuer à essayer de comprendre pour agir ». Il a réaffirmé que « la santé publique sera une priorité du gouvernement ».
Il a également répondu aux propos de Jordan Bardella. Le président du Rassemblement national avait déclaré ce samedi matin que Michel Barnier était un « Premier ministre sous surveillance » et avait également affirmé que « rien ne peut se faire sans le RN ». Le Premier ministre a affirmé qu’il était « sous la surveillance de tous les Français. Le gouvernement est sous la surveillance démocratique de tous les Français et de toutes les formations politiques ».
« Quoi qu’il arrive, nous voterons la censure d’un tel gouvernement à l’Assemblée nationale »
La colère exprimée dans les manifestations est d’abord dirigée contre Emmanuel Macron et son « coup d’Etat démocratique », selon les initiateurs de la marche, furieux de ne pas voir Lucie Castets, candidate d’une gauche unie avec 193 députés, nommée à Matignon. « La démocratie, ce n’est pas seulement l’art d’accepter d’avoir gagné, c’est aussi l’humilité d’accepter de perdre », a ainsi lancé le patriarche insoumis Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron, juché sur un camion dans le cortège parisien.
« Il n’y aura pas de pause, je vous appelle à un combat de longue haleine », a-t-il aussi lancé à la foule, se réjouissant de la mobilisation autour des « 140 marches » revendiquées ce samedi dans le pays. Le choix de Michel Barnier, issu de la droite, a renforcé la détermination des manifestants, même si les forces de l’ordre n’anticipaient qu’une participation limitée (entre 4.000 et 8.000 personnes à Paris). Jean-Luc Mélenchon a également promis que son groupe censurerait le gouvernement de Michel Barnier : « Quoi qu’il arrive, nous voterons la censure d’un tel gouvernement à l’Assemblée nationale ».
« Personne n’est dupe »
« On voit qu’un pacte est scellé entre la Macronie, la droite et l’extrême droite », s’est indignée devant la presse la députée LFI Aurélie Trouvé, alors que la foule scandait « Macron démission ». Si Michel Barnier a indiqué vendredi soir qu’il était prêt à travailler avec la gauche, « personne n’est dupe », a ajouté Aurélie Trouvé, qui n’a pas apprécié le discours ferme sur l’immigration du Matignon, jugeant qu’il répétait « ce que l’extrême droite a toujours dit ». L’initiative, lancée fin août par deux syndicats étudiants et lycéens puis reprise par LFI, s’inscrit dans une stratégie de contestation plus large des Insoumis, qui ont également déposé une procédure de destitution du président de la République à l’Assemblée nationale.
Mais les troupes mélenchonistes peinent à obtenir des soutiens à gauche : comme les grandes centrales syndicales, le PS n’a pas relayé l’appel à manifester samedi ; et seuls six élus écologistes et trois élus d’outre-mer ont paraphé, outre les députés LFI, la proposition de destitution.
«Michel Barnier est un Premier ministre sous surveillance»
Mais la pression n’est pas venue que de la gauche samedi. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella, en déplacement à la foire de Châlons-en-Champagne, a exigé de Michel Barnier que « les sujets du Rassemblement national » soient pris en compte par un futur gouvernement qualifié de « fragile ».
« Je souhaite que le Premier ministre et le futur gouvernement puissent non seulement se mettre au travail, mais qu’ils puissent être attentifs aux revendications qui sont désormais les nôtres. Et je crois qu’à partir de ce jour, Michel Barnier est un Premier ministre sous surveillance (…) par un parti politique désormais incontournable dans le jeu parlementaire », a-t-il ajouté. Si le RN a jusqu’ici fait savoir qu’il jugerait M. Barnier « sur les preuves », et n’entendait pas tenter de le renverser à l’Assemblée nationale avant de connaître le contenu de son programme, le ton s’est durci, le fougueux parti capitalisant sur son contingent de 126 députés (142 avec les alliés d’Eric Ciotti). « Nous aurons sans doute un rôle d’arbitre dans les prochains mois et à partir d’aujourd’hui », a rappelé le chef de file du RN.
Michel Barnier a reçu Elisabeth Borne à Matignon
Michel Barnier poursuit quant à lui son installation à Matignon, où il a reçu samedi matin sa prédécesseure Elisabeth Borne, avant de déjeuner à l’Assemblée nationale avec la présidente Yaël Braun-Pivet. En jeu, le casting du gouvernement, mais aussi – et surtout – l’élaboration de sa feuille de route pour les prochaines semaines, un exercice hautement périlleux compte tenu de la fragmentation de l’Assemblée nationale.
Le Premier ministre a réservé son premier déplacement au Samu de Paris à l’hôpital Necker, où il « écoutera » le personnel, a annoncé son entourage. Arrivé vers 15 heures, il participera à une table ronde avec le personnel de santé, un sujet qui lui est cher, avant de s’adresser à la presse à l’issue de sa visite.
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