Cet argument est également avancé par les avocats du cabinet parisien contactés par les dirigeants des Vieilles Charrues pour exercer un recours contre le droit de préemption exercé par la Ville de Carhaix. De par notre situation centrale en Bretagne, nous avons de nombreuses demandes et besoins professionnels en bureaux et salles de réunion. Cette semaine encore, la MSA (Mutualité sociale agricole) recherche trois bureaux. Elle était auparavant abritée par la Chambre d’Agriculture dans ce même bâtiment interconsulaire… Les exemples sont nombreux. Il s’agit en fait du même ensemble avec l’incubateur d’entreprises appartenant à la communauté Poher. L’offre du Château de Kerampuilh est simplement constituée d’open space, mais pas de bureaux pouvant être loués pour de courtes durées. Certaines entreprises de la commune de Poher ont indiqué avoir dû se rendre à Gourin (56) pour trouver ce type d’offre manquante sur le territoire.
Si les chambres consulaires n’acceptaient pas de vous vendre l’immeuble, iriez-vous jusqu’à lancer une expropriation ?
Oui.
Il s’avère que le terrain des chambres consulaires est aussi « l’entrée violette » des Vieilles Charrues, par laquelle passent environ 40 000 festivaliers par jour. Laisseriez-vous ce passage ouvert au public des Vieilles Charrues ?
Évidemment ! L’ensemble de l’avenue Kennedy, ainsi que le boulevard Jean-Moulin, sont déjà réservés aux piétons pour permettre l’accès à l’entrée violette des Vieilles Charrues. Il ne s’agit pas de leur interdire d’utiliser le parking pour cette même entrée ! C’est un procès d’intention totalement absurde qu’a entrepris le leader de la droite carhaisienne, Jérôme Yvinec, que les dirigeants charrues ont soutenu lors des dernières élections municipales. Ce terrain est également composé de 42 places de stationnement publiques à l’année et est occupé lors de divers événements organisés à l’espace de performance et de conférence Glenmor. Nous voulons les maintenir. Le contraire serait-il vrai ?
En commercialisant le terrain de Kergorvo dès 2026, n’avez-vous pas peur de priver les Vieilles Charrues de leurs incontournables campings 4, 5 et 6 et, de fait, de contrarier la tenue du festival ?
Des solutions existent et ont été anticipées. Ces terrains ont toujours eu une vocation économique et ont été exploités en connaissance de cause, temporairement, tant qu’un porteur de projet ne se manifestait pas. Depuis, un projet de construction d’une base logistique, avec des dizaines d’emplois en jeu, est sur le point de voir le jour à Kergorvo 2, tout comme sur les terrains industriels de Kervoasdoué, où une usine sera construite en juin, avec 22 millions d’euros. d’investissement et 50 emplois en jeu.
Ces 3,5 ha de terrain économique étaient occupés, pendant la période du festival, pour le stationnement des camping-cars. Une convention de décembre 2023 entre Vieilles Charrues, la Région Bretagne, SemBreizh et Poher communauté, a été « signée en pleine connaissance de la vocation économique du territoire ». Il garantit également un nombre d’hectares équivalent sur le site tout proche de Métairie-Neuve, pour le transfert des campings. Vingt hectares de terrain ont été achetés par la communauté à cet effet et mis à disposition des festivals (Motocultor, Vieilles Charrues, etc.).
Un contrat de libre utilisation de Kerampuilh a été signé en juillet 2023 et, neuf mois plus tard, une annexe de location payante pour le terrain et le matériel a été ajoutée. Quelle nouvelle législation sous-tend ce choix ?
Cette tarification a été adoptée lors du conseil municipal du 8 avril et le principe était connu des Vieilles Charrues depuis 2022. Elle sera applicable à tous les événements qui ont un chiffre d’affaires supérieur à 500 000 euros (Motocultor, Vieilles Charrues, fête du camping-car… ). Elle a été considérablement réduite par rapport à l’obligation imposée aux collectivités de valoriser les ressources humaines, techniques et financières mises à disposition. Dans le cadre de la création d’une SEM (société d’économie mixte) ou d’une SPL (entreprise publique locale), cette tarification aurait également été mise en place. L’accord dont vous parlez précisait qu’une annexe annuelle indiquerait les conditions de mise à disposition, mais une collectivité n’a pas le droit de permettre à une personne privée de réaliser des bénéfices sur le domaine public gratuitement et sans concurrence. Les Vieilles Charrues étaient jusqu’à présent très favorisées et rien payées, et ce depuis plus de 20 ans. Cela a été fait volontairement par la municipalité mais c’est le contribuable carhaisien qui a payé la mise à disposition.
Les Vieilles Charrues ont également annoncé vouloir investir sur le site, à peu près à hauteur du montant du loyer demandé. A travers la perception de la redevance et de ce loyer, nous espérons que les pouvoirs publics maîtriseront les investissements (sanitaires, barrières, etc.) et leur utilisation dans une optique de partage pour tous les usagers (festival du cross, salon agricole, etc.) et maintien du site dans l’espace public.
La construction, importante à vos yeux, d’un palais des sports a été « sortie » des projets de la SEM « Breizh Park ». Est-ce pour cela que vous avez finalement opté pour un SPL pour Breizh Park ? La Ville de Carhaix pourra-t-elle, seule, créer cette SPL ?
Nous regrettons profondément que les Vieilles Charrues et l’opposition communautaire soient associées dans ce refus commun de la construction du Palais des Sports et des Congrès. Cet équipement aurait permis de développer des activités sportives et événementielles sur notre territoire, particulièrement bien situé géographiquement, au cœur de la Bretagne, et aurait servi le festival des Vieilles Charrues. Une seule communauté ne peut pas créer de SPL. Nous avons expliqué pourquoi un SEM n’était ni possible ni souhaitable, et pourquoi un SPL semblait idéal. Carhaix aura du mal à réaliser seul la construction de tels équipements, pourtant nécessaires au développement et à l’attractivité du territoire, et si l’on rate la fenêtre des subventions olympiques de 2024, une telle opportunité ne se présentera pas de sitôt.
La communauté met tout en œuvre pour que le festival se déroule dans les meilleures conditions possibles. Jean-Luc Martin et Jérôme Tréhorel sont des adversaires politiques. Cela n’interfère en rien dans les décisions de la mairie de Carhaix concernant le festival. L’inverse n’est malheureusement pas vrai… MM. Tréhorel et Martin sont en polémique permanente ! Nous entretenons également d’excellentes relations avec les dirigeants de toutes les autres associations carhaisiennes et particulièrement avec ceux du festival Motocultor, qui sont très gentils et agréables.
Quelle est la solution pour mettre fin à ce conflit ?
La Ville n’est en conflit avec personne et défend simplement l’intérêt général. Les dirigeants des Vieilles Charrues devraient peut-être, de leur côté, réfléchir rapidement au gigantisme qu’ils ont donné à leur événement, à la concurrence de festivals qui ont choisi de rester à taille humaine, au fait que le centre-ville de Carhaix soit bloqué. et vide pendant une semaine entière, abandonnant l’esprit des débuts du festival et leur toute-puissance dans leurs relations avec les autres…
Vous souhaitez que le festival des Vieilles Charrues continue à Carhaix ?
Bien entendu, le bureau municipal souhaite la pérennité du festival des Vieilles Charrues à Carhaix. Nous remercions tous les bénévoles pour le travail effectué. L’impact culturel, social et médiatique pour notre territoire est très important. Mais nous ne voulons pas que cela se fasse au détriment des autres projets de développement économique de la région, ni au prix d’une privatisation à leur seul bénéfice du site de Kerampuilh.