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En Crimée, les forces ukrainiennes ont frappé un centre de communications spatiales russe à longue portée

Le 24 juin, la Russie a menacé les États-Unis de représailles après que les forces ukrainiennes ont tiré une salve de missiles balistiques tactiques MGM-140 ATACMS (Army TACtical Missile System) vers Sébastopol, en Crimée. Selon Moscou, quatre de ces engins ont été détruits avant d’atteindre leurs cibles. Mais la chute des débris a fait des victimes, les autorités locales avançant le bilan de 4 tués et 150 blessés parmi la population.

« Il est évident que la participation des Etats-Unis aux combats, leur participation directe, qui conduit à la mort de citoyens russes, doit avoir des conséquences », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.

Pour Moscou, il est évident que les forces ukrainiennes bénéficient d’un soutien pour lancer de telles frappes. C’est en tout cas ce qu’avance l’état-major russe, qui estime que les coordonnées des cibles assignées aux missiles ukrainiens ATACMS ne peuvent être « saisies que par des spécialistes américains ».

L’ambassadrice des États-Unis en Russie, Lynne Tracy, a également été convoquée au ministère russe des Affaires étrangères. Et ce afin de le prévenir des « mesures de représailles » que Moscou envisage de prendre contre Washington.

« Les États-Unis (…) sont devenus partie prenante au conflit. (…) L’ambassadeur a été informé que de telles actions de Washington, (…) autorisant des frappes à l’intérieur du territoire russe, ne resteraient pas impunies », a alors expliqué la diplomatie russe.

« Nous regrettons toute perte de vie civile dans cette guerre. Nous fournissons des armes à l’Ukraine pour qu’elle puisse défendre son territoire souverain contre une agression armée, y compris en Crimée qui fait bien entendu partie de l’Ukraine », a réagi Matthew Miller, porte-parole du ministère. d’État. De son côté, le Pentagone a souligné que les forces ukrainiennes prenaient leurs « propres décisions ».

Ce n’est cependant pas la première fois que la Crimée, annexée en mars 2014 par Moscou, est la cible d’armes à longue portée fournies par l’Occident. Ainsi, les missiles de croisière SCALP EG/Storm Shadow livrés par la France et le Royaume-Uni (voire l’Italie) ont été utilisés contre plusieurs objectifs militaires, à commencer par la base navale de Sébastopol. Pourquoi les Russes ont-ils réagi si fortement cette fois-ci ?

L’explication se situe probablement à Eupatoria, localité située à une soixantaine de kilomètres au nord de Sébastopol et où au moins deux incendies ont été observés dans la soirée du 23 juin, grâce à l’application FIRMS (Fire Information for Resources). Système de gestion) de la NASA. Cependant, c’est là que se trouve la base NIP-16, qui fait partie du réseau de communication russe dans l’espace lointain.

Déjà visé par les missiles SCALP/Storm Shadow en décembre dernier, ce « Centre de communications spatiales à longue portée » a en effet été touché par des frappes ukrainiennes, probablement menées avec des missiles ATACMS. C’est du moins ce que suggèrent les images satellite fournies par Planet Labs INC. Difficile toutefois de se faire une idée de l’ampleur des dégâts infligés.

La base NIP-16 a été construite au moment où le programme spatial soviétique commençait à prendre son essor. Elle a notamment soutenu les programmes Marsnik (lancé en 1960) et Venera 1 (exploration de Vénus) ainsi que les missions lunaires. Jusqu’en 1975, elle a servi de centre de contrôle pour les missions spatiales habitées. Après l’annexion de l’Ukraine, elle a été confiée aux forces aérospatiales russes, qui l’utilisent pour établir des communications avec les satellites LOTO-S (dédiés au renseignement électronique) et ceux de la constellation GLONASS (satellite de géolocalisation). D’où son intérêt militaire.

En mai, la Direction principale du renseignement du ministère ukrainien de la Défense (GUR) a revendiqué la responsabilité de deux attaques contre les radars Voronezh M et Voronezh DM, qui font partie du réseau d’alerte précoce qui constitue l’un des éléments clés de la dissuasion de l’énergie nucléaire russe.

Photo : Rumlin – CC BY-SA 3.0

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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