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En concert pendant quatre dates en France, le légendaire chanteur et guitariste Eric Clapton a transpiré le blues à Lyon

Le « guitar hero » était en concert mercredi à Lyon. Un spectacle principalement dédié au blues qu’il propose à nouveau ce vendredi aux Arènes de Nîmes. .

France Télévisions – Culture Edito

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Eric Clapton sur scène à la LDLC Arena (Lyon) le 29 mai 2024 (@MLebreton69)

Lorsque le chanteur breton Rover, en première partie du spectacle, est monté sur la scène de la toute nouvelle LDLC Arena de Lyon, mercredi 29 mai, pour jouer son rock mélodique, il était visiblement très ému en réalisant ce qu’il faisait. en direct : « Je pense que vous pouvez imaginer ce que cela signifie dans la vie d’un musicien de faire la première partie de quelqu’un comme Eric Clapton »… En effet, c’est bien une légende vivante du blues et du rock qui jouait à Lyon. Bientôt octogénaire l’année prochaine, et déjà plus de soixante ans dans la musique populaire depuis ses débuts avec les Yardbirds en 1963, la légende de la guitare n’était plus revenue dans la capitale des Gaules depuis novembre 1978, si l’on excepte son concert au Jazz à Vienne en 1997 avec Marcus Miller.

On n’espérait plus le revoir, tant ses concerts en France étaient devenus rares ces dernières années. Et ses récents problèmes de santé n’auguraient rien de bon pour la suite de ses tournées. Alors apprendre qu’Eric Clapton ne venait pas seulement en France, mais aussi dans trois villes différentes – Paris, Lyon et Nîmes – était un miracle. Pas si surprenant pour celui qu’on surnommait « Dieu » dans les années soixante. Si l’on ajoute à cela le fait que le guitar hero semble avoir retrouvé sa dextérité tant guitaristique que vocale, on se dit que l’on a sans doute assisté à l’un des derniers grands moments de la carrière d’un mythe de la musique du XXème siècle. .

Dès l’ouverture, l’instrumental Poussière bleue annonce la couleur : il y aura de la guitare, du gros son, peu d’effets, et un Clapton qui envoie du lourd. La plupart du temps les yeux fermés, le guitariste joue sans fioritures et obtient ses différentes intonations en jouant uniquement sur le volume de l’instrument.

Avant de s’emparer de sa célèbre Stratocaster noire en deuxième partie du concert, « Slowhand » (un des surnoms du chanteur) affiche d’abord un modèle aux couleurs du drapeau palestinien, cause qui lui est chère et qu’il défend dans son dernier single Prière d’un enfant, illustré de concert avec des images du clip. Ce morceau est apparu en bonus sur son album live Pour sauver un enfant, dont les bénéfices sont reversés aux enfants de Gaza.

Eric Clapton sur scène à la LDLC Arena (Lyon) le 29 mai 2024 (@MLebreton69)

Une prise de plus de l’artiste qui avait déjà suscité la polémique avec ses déclarations lors de la crise du Covid. Mais sur scène, Clapton n’est pas du genre à se lancer dans des discours à la Roger Waters. Juste un « Bonne soirée, Ravi de vous voir » avant d’entamer la partie acoustique du set composé de quatre titres.

Le country Retour à la maison où le guitariste affiche un style de fingerpicking qui ne lui est pas habituel, le blues Personne ne vous connaît quand vous êtes en pannela surprise Bague d’ortrès belle ballade de son album Dos nu en 1978, et enfin le poignant Larmes au paradis. La chanson dédiée à son petit garçon Conor décédé en 1991 prend ici un tempo plus entraînant que dans sa célèbre version originale.

Pendant six décennies, Eric Clapton a largement exploré de nombreux styles musicaux. Et avec une discographie imposante, impossible de tout parcourir, surtout dans un concert qui n’excède pas une heure trente minutes, rappel compris. Il y a donc des tubes rock comme Badgeco-écrit avec George Harrison, ou l’essentiel Cocaïne qui clôt le set avant le rappel en prenant d’abord des airs funky avec le solo de synthé de Tim Carmon, puis presque ragtime avec le piano du vétéran Chris Stainton, avant un final assourdissant. La pièce, qui donne l’occasion au public de se précipiter vers la scène, est introduite par un moment suspendu où le bassiste Nathan East, également accompagnateur de longue date de Clapton, livre une interprétation aérienne de Près de la maison par Lyle Mays.

On retrouve également Je dois m’améliorer dans peu de temps avec elle wah-wah rugissant et son solo de batterie qui rend le chanteur-guitariste presque hilarant. Une chanson qui aurait dû figurer dans le deuxième opus de Derek and the Dominos, un album qui n’a malheureusement jamais vu le jour officiellement.

Mais globalement, le reste de la setlist est essentiellement axé sur le blues. Clé de l’autoroute par Freddie King, Hoochie Coochie man par Willie Dixon, C’est d’accord par Jimmy Rogers, Carrefour Et Petite reine de pique par Robert Johnson et enfin Avant de m’accuser de Bo Diddley en rappel, autant de standards qui rappellent que Clapton a consacré sa vie au blues. Un blues qui devient gras et rugueux comme dans l’intro très floue de Carrefourou au contraire jazzy avec les interventions des deux excellents claviéristes Tim Carmon et Chris Stainton.

Petite reine de pique c’est aussi l’occasion d’offrir aux musiciens un espace pour exprimer leur virtuosité. Le batteur Sonny Emory dégage une frappe puissante, tandis que le second guitariste Doyle Bramhall II brille par quelques interventions notables avec son jeu spécifique gaucher aux cordes inversées. « God » conclut le morceau avec un solo changeant de tonalité, comme aux grandes heures de Je me balade dans l’espriten direct EC était là en 1975.

Et pour appuyer ce propos, le titre en rappel n’est autre qu’un classique shuffle de douze mesures. Alors que le public de Manchester, le 18 mai, avait droit à Soleil de ton amourc’est maintenant avec Avant de m’accuser que Clapton ferme tous ses shows. Du blues, encore du blues, toujours du blues… Le dieu de la guitare l’a vécu et en a joué toute sa vie. A 79 ans, il continue de le ressentir pleinement sur scène. Si « Clapton est Dieu », alors hier, même si on a pu regretter l’absence de Laïla, Chambre Blanche Ou J’ai tiré sur le shériffnous avons eu l’impression d’être un peu plus proches de Dieu l’espace d’un instant.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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