En Cisjordanie, la mort d’un jeune colon déclenche une vague de violences contre les Palestiniens
Lorsqu’ils quittent le chemin de terre qui mène à Douma, le village agricole de Cisjordanie en contrebas, d’où s’élèvent des colonnes de fumée noire, mieux vaut ne pas croiser leur chemin. Ils rotent, menacent. C’est la colère, ce samedi 13 avril, chez les hommes, plutôt jeunes – certains à peine sortis de l’adolescence -, qui viennent d’incendier des maisons et d’attaquer les habitants, parfois à coups de couteau, dans cette grande ville palestinienne de 2 000 habitants, nichée dans le collines.
Le groupe des assaillants est composé d’habitants des colonies de Cisjordanie, situées dans la région centrale du territoire occupé, entre Ramallah et Naplouse, où les tensions sont particulièrement vives. Ils s’entassent dans des voitures faites pour les routes défoncées – SUV, pick-up. Beaucoup d’entre eux portent des cagoules ou ont noué un foulard sur la tête pour cacher leur visage. Leur convoi de près d’une cinquantaine de véhicules s’élance et s’élance pour poursuivre plus loin l’expédition punitive. Parmi eux, les jeunes colons radicaux appelés « jeunes des collines », minces et dégingandés, bronzés par le soleil, les longues mèches de leurs péot flottant au gré du vent.
La tension a commencé par une tragédie touchant l’un des leurs. Depuis deux jours, ils recherchent Benjamin Achimeir, un berger de 14 ans disparu depuis vendredi de l’avant-poste de Malachei Shalom, un de ces petits groupes de bâtiments de fortune érigés pour agrandir progressivement l’espace contrôlé par les colonies sur Terre palestinienne. Le jeune garçon était sorti tôt le matin avec un troupeau pour faire paître ses animaux. Vers midi, les moutons sont rentrés seuls à la ferme Gal Fram, où ils sont élevés.
Immédiatement, des recherches ont été organisées. Dans ces collines où les colons sont tels des géographes obsessionnels, qui tissent leur réseau d’avant-postes, de routes, de colonies, dans le but de conquérir l’espace, il est rare qu’on se perde. Il y avait de quoi s’inquiéter. Le spectre d’une prise d’otages est immédiatement présent dans tous les esprits.
En quelques heures, la tension monte. Les groupes de colons, bientôt appuyés par l’armée, ont tenté de localiser l’adolescent grâce à son téléphone, raconte l’un d’eux, qui participait encore aux recherches samedi matin. La dernière trace de l’avion se trouvait non loin, à proximité du village d’Al-Moughaïr. Avant même d’en savoir plus, une expédition a été organisée vendredi après-midi, pour saccager la petite ville. En quelques heures, un mort et vingt-cinq blessés ont été enregistrés.
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