En cinq ans, les voitures neuves ont coûté plus de 10 000 euros

L’Europe ne retrouvera peut-être jamais le niveau de ventes que le continent connaissait avant la pandémie et qui permettait de faire fonctionner correctement presque toutes les usines. La perte de volumes est désormais estimée à 25% sur la plupart des grands marchés européens, dont la France. Et cela devient évidemment un problème pour les patrons des constructeurs, mais aussi des équipementiers, qui avaient calibré tous leurs outils industriels pour un marché d’au moins 2 millions de ventes par an, en ce qui concerne la France. Nous en sommes désormais loin et la pente semble aujourd’hui infranchissable. Et si les constructeurs n’ont cessé de rappeler la politique castratrice européenne à l’occasion d’une grande conférence organisée lors de la Coupe du monde, Pointant largement du doigt la responsabilité de Bruxelles dans son échec actuel, il y a aussi un paramètre vite oublié : le prix des voitures. AAAData nous fournit des données intéressantes à ce sujet : depuis 2018, la hausse des prix a été fulgurante, largement accélérée en 2021 et 2022 du fait d’une demande supérieure à l’offre. L’avidité et la cupidité des constructeurs les ont-elles conduits dans un mur ?

10 000 € de plus en cinq ans

La politique européenne, entre fin de l’énergie thermique et objectifs CO2 – connus depuis plusieurs années – serait ainsi responsable de tous les maux, selon les différents PDG des grands groupes automobiles. Mais à aucun moment on n’a entendu ni lu une quelconque introspection de leur part sur l’écart grandissant entre le pouvoir d’achat moyen des Européens et le prix des voitures neuves, poussé à la hausse pour accroître des marges parfois impressionnantes.

« Après le violent ralentissement de 2020, ce sont les pénuries de composants et les difficultés logistiques qui ont freiné les immatriculations de nouvelles voitures. Les livraisons ont pu reprendre en 2023 et au premier semestre 2024, mais c’est désormais la faiblesse des commandes qui limite les volumes et tire déjà le marché à la baisse sur les neuf premiers mois de l’année (-2%). A ce rythme (hors effet de l’annonce des malus 2025), le marché serait en baisse de 6% en 2024 par rapport à 2023 »résume AAAData.

La montée en gamme de véhicules toujours plus équipés dès le premier niveau de finition a fini par faire des dégâts, les carnets de commandes se vidant partiellement. Les constructeurs doivent donc réagir, et ils le font déjà : les remises sur certains modèles électriques (Toyota bZ4X, Volkswagen ID.3, Tesla Model Y, Cupra Born…) sont parfois faramineuses. Enfin une prise de conscience ?

« Une situation qui interroge sur l’adéquation entre une offre qui doit tenir compte des différentes réglementations européennes et une demande – tant des particuliers que des entreprises – affectée par la baisse du pouvoir d’achat et des perspectives économiques incertaines. En effet, une des principales causes est à rechercher dans le prix des voitures, qui a bondi en moyenne (hors options et trading) de 26 590 € en 2018 à 33 529 € en 2022, et encore de près de 10 %, à 36 082 € en 2024. »

L’électricité n’aide pas

Si le prix moyen d’un véhicule neuf en France a autant augmenté, c’est aussi parce que les véhicules électriques se sont développés : avec 15 à 20 % de part de marché ces deux dernières années, leur poids est loin d’être négligeable dans la hausse des prix. Le prix moyen (catalogue) des véhicules électriques en 2024 atteint 42 828 €, soit 2 000 € de plus qu’en 2022 et surtout 10 000 € de plus qu’en 2018. Ils contribuent donc mécaniquement à la hausse générale du prix des véhicules électriques. voitures neuves en Europe, à mesure que leur part de marché augmente. Heureusement, la situation semble s’apaiser avec des modèles de plus en plus accessibles : Citroën C3, Leapmotor, Renault 5…

Augmentations des prix par énergie