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En Chine, plusieurs attentats meurtriers trahissent un profond mal-être dans la société

En Chine, plusieurs attentats meurtriers trahissent un profond mal-être dans la société

Le 11 novembre, un homme de 62 ans a jeté son lourd 4×4 sur une foule de gens qui faisaient de la gymnastique devant un centre sportif au cœur de la ville de Zhuhai, dans le sud de la Chine. Le bilan s’élève à 35 morts et des dizaines de blessés. Immédiatement arrêté par la police et placé en détention, l’homme a voulu exprimer sa colère suite à un divorce houleux qui l’a dépossédé de tous ses biens. Personne ne connaît aujourd’hui le sort de cet homme. Toutes les vidéos du drame sanglant ont été censurées. Il s’agit de la pire tuerie de ces dernières années en Chine, un pays peu habitué à des incidents violents de cette ampleur.

Censure du régime

Cinq jours plus tard, dans la ville de Changde, dans l’est du pays, un homme de 21 ans a mené une attaque au couteau dans une école qui a fait huit morts et une vingtaine de blessés. Selon les premiers éléments de l’enquête, le suspect est un étudiant de la promotion 2024, qui n’a pas réussi à obtenir son diplôme et « est revenu à l’école pour exprimer sa colère et commettre ces meurtres »selon la police de Yixing. Là encore, la police n’en a pas dit plus, et les vidéos de cette attaque d’une violence inouïe ont été supprimées des plateformes numériques.

« Face à une économie en chute libre, à un endettement écrasant des ménages et à des frustrations croissantes, le la colère ne peut s’exprimer qu’à travers ce genre de violence »estime Desmond Shum, un ancien homme d’affaires chinois resté en contact étroit avec les milieux économiques et exilé depuis des années en Grande-Bretagne. « L’insécurité sociale continue de croître et le désespoir économique pousse de nombreux Chinois à la violence individuelle. » ajoute cet observateur de la situation chinoise qui a dénombré des dizaines de ces cas d’incidents mortels depuis le début de l’année.

« Abandonné par le système »

Une étude publiée en juillet par le Center for International and Strategic Studies, basé à Washington, souligne un « un profond malaise social exprimé à travers ces incidents, qui lancent un sérieux avertissement sur l’état de la société chinoise ». Faisant écho à ces découvertes inquiétantes, le psychothérapeute chinois Xiaojie Qin note que « De nombreux Chinois ont été abandonnés par le système et sont marginalisés. Sans un équilibre émotionnel suffisant, ils explosent.

Cité par l’agence de presse britannique Reuters à Shanghai, Qu Weiguo, professeur à la prestigieuse université de Fudan, observe que ces cas de « vengeance aveugle contre la société » ont des dénominateurs communs : un sentiment de déclassement, des problèmes mentaux, un profond ressentiment envers un système qui ne les traite pas équitablement. « Ils ne voient pas d’autre solution pour se faire entendre. »

La censure imposée autour de tous ces cas de violences accroît la méfiance de l’opinion publique à l’égard d’un régime qui cache la vérité. Dans une époque post-Covid très difficile pour une grande partie des Chinois, avec plus de 20 % de chômage des jeunes, le contrat social non écrit entre le Parti communiste et le peuple – le parti garantit prospérité et sécurité en échange de la soumission politique – semble de moins en moins important. moins certain. « Quelques semaines avant le Nouvel An chinois, où chacun doit régler ses dettes,il faut s’attendre à une multiplication de ces actes désespérés », Redoute Desmond Shum.

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