En Chine, la tourmente des constructeurs automobiles occidentaux
Dans l’Empire du Milieu, General Motors se trouve à la croisée des chemins. Le géant automobile américain restructure aujourd’hui en profondeur SGM, sa joint-venture avec son homologue chinois SAIC, et ferme plusieurs usines. Conséquence : le groupe de Détroit a subi ce mercredi une dépréciation d’actifs de plus de 5 milliards de dollars. Et ce n’est peut-être qu’un début : GM voit ses ventes s’effondrer de façon spectaculaire en Chine. L’ancien numéro deux du pays depuis des décennies a perdu, en cinq ans, les deux tiers de sa part de marché, qui n’est plus que de 5 % aujourd’hui.
« En 2024, le groupe GM se retrouve à la septième place, derrière BYD, Volkswagen, Geely, Chery, Changan et Toyota.note le cabinet Inovev dans une étude récente. Si l’on ne compte que les marques américaines du groupe GM (Chevrolet, Buick, Cadillac), la part de marché de ce groupe est passée de 7% en 2019 à 2% en 2024, et il est probable que ces marques disparaissent de ce marché en le court terme. »
Les grandes difficultés de Volkswagen
GM n’est pas le seul grand fabricant occidental à boire en Chine. Volkswagen s’attaque également au plus grand marché automobile mondial. L’avenir du géant allemand en Chine, qui représente un tiers de ses ventes, et où il dispose de trois coentreprises et de 39 usines, s’assombrit. Sur les neuf premiers mois, le groupe de Wolfsburg a, selon Inovev, a vu sa part de marché passer de 11,9% à 10,2%. Volkswagen est désormais loin derrière le chinois BYD. Cecette année, il a volé son premier jeton du pays, et contrôle désormais 14,6% du marché.
Volkswagen et la majorité des constructeurs occidentaux perdent rapidement du terrain face à leurs concurrents chinois. Nombreux et agressifs, ils bénéficient également d’une avance technologique indéniable dans le domaine des voitures électriques. En Chine, « le gâteau est devenu plus petit et nous avons plus de convives à table »déplore souvent Oliver Blume, le PDG de Volkswagen. Mais ces nouveaux convives ont un certain goût pour leurs fourchettes. Avec respectivement 9% et 8,9% de parts de marché, les groupes Geely (qui compte 11 marques différentes) et Chery « devrait dépasser le groupe Volkswagen dans les prochains mois »prédit Inovev.
Les marques chinoises détiennent 67% du marché
Bref, la Chine devient progressivement l’apanage de ses propres industriels. « La part de marché des marques automobiles chinoises a atteint pour la première fois 67 % en août 2024 »note le cabinet d’études. Cette progression « semble inarrêtable depuis 2023continue-t-il. C’est au détriment des marques étrangères qui n’ont pas su passer à l’électrique, spécialité des constructeurs chinois ».
Même son de cloche pour une étude publiée ce mardi par la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol). » Si Volkswagen, Mercedes, BMW, Porsche, Lamborghini, Toyota sont certes toujours présents avec leurs nouveaux modèles électriques, leur domination est âprement contestée. »note-t-elle.
L’élève a dépassé le maître
Le revers apparaît d’autant plus douloureux que ce sont les constructeurs occidentaux qui ont joué le rôle de mentors de la Chine dans l’industrie automobile. Depuis les années 1980, à la demande de Pékin, ils multiplient les joint-ventures avec des acteurs locaux dans un pays où cette industrie n’existait pas. Mais l’étudiant a dépassé le maître, et la Chine n’a plus besoin d’eux.
» La Chine a exploité comme tremplin temporaire le coentreprises avec des constructeurs occidentaux et asiatiques qui, ravis de l’aubaine de l’accès au merveilleux marché chinois, n’ont compris que trop tard qu’il s’agissait d’un piègerésume l’étude Fondapol. Depuis que Renault, Mitsubishi, Stellantis, Suzuki ont quitté le marché chinois. »
Ce ne sont probablement pas les derniers.