En Bretagne, quels sont les « projets d’envergure nationale ou européenne » retenus par le gouvernement ? La réponse était attendue avec impatience par les élus locaux. Et pour cause : ces projets ne seront pas décomptés de leur enveloppe « droits au béton ». C’est l’une des nouveautés de la loi « Zéro artificialisation nette » (Zan), adoptée en juillet 2023, qui donne des ruches à certains édiles municipaux.
Le but : ralentir la bétonisation des territoires agricoles et naturels. Pour y parvenir, une superficie maximale a été définie pour chaque région. La Bretagne pourra par exemple artificialiser 9 000 hectares entre 2021 et 2031. Un volume alors réparti entre les différents territoires. Problème : une nouvelle usine, par exemple, pourrait à elle seule consommer la totalité du « budget béton » de la commune. Et ainsi bloquer la construction de logements ou l’arrivée d’autres commerces. Le risque est de pénaliser le développement des villes concernées. D’où un mécontentement insistant parmi les maires.
Pour faire taire les critiques, le gouvernement a décidé que certaines nouvelles usines ou grandes infrastructures échapperaient à ce carcan. Les hectares consommés pour leur construction n’affecteront pas l’enveloppe des communes. C’est ce qu’il appelle des « projets d’envergure nationale ou européenne ». Après échanges avec les Régions, la liste est prête. Il a été transmis mercredi aux élus locaux et sera prochainement soumis à consultation publique. Le gouvernement en a sélectionné 424 à travers la France, répartis en deux catégories, selon leur niveau de maturité.
19 « projets d’envergure nationale ou européenne » en Bretagne
Dans la première catégorie, celle des projets les plus avancés, cinq ont été retenus en Bretagne. Le plus important, en termes de superficie consommée : la modernisation de la RN 164 à 2×2 voies, en Centre Bretagne. Le futur centre pénitentiaire de Vannes ainsi que le « Celtic Interconnector », cette liaison électrique entre l’Irlande et le Finistère, y apparaissent également. Tout comme la future station de raccordement électrique du parc éolien Sud Bretagne et les zones techniques de Scorpion, un programme de l’armée.
Le gouvernement a également sélectionné « des projets éligibles mais non encore réalisés », selon les explications du ministre de la Transition écologique au journal Les Échos. En Bretagne, ils sont 14. Il existe notamment d’autres aménagements routiers, ou encore des extensions, créations ou reconversions de sites industriels réalisés par des entreprises.
Avec 19 projets sélectionnés au total, la Bretagne fait pâle figure face à ses voisines. Pour les Pays-de-la-Loire par exemple, l’État en a sélectionné plus du double. Selon nos informations, une liste de vœux bien plus conséquente avait été adressée au gouvernement par les élus locaux. Reste à savoir s’ils accepteront la sélection finale sans protester.