En Arménie, des manifestations réclament le départ du premier ministre après la cession de territoires à l’Azerbaïdjan
Le mouvement de protestation apparu le mois dernier en Arménie contre le transfert de terres à l’Azerbaïdjan se poursuit. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dimanche 26 mai sur la place de la République à Erevan pour exiger la démission du Premier ministre Nikol Pachinian. Vendredi, dans le cadre d’une étape clé vers la normalisation des relations entre les deux pays rivaux, opposés dans plusieurs guerres, Erevan a restitué à Bakou quatre villages frontaliers qu’il contrôlait depuis les années 1990.
La mobilisation dans la capitale arménienne est menée par le charismatique archevêque Bagrat Galstanian, chef religieux de la région de Tavush, où des villages ont été restitués à l’Azerbaïdjan. « Notre peuple veut changer l’amère réalité qui nous a été imposée »M. Galstanian a proclamé devant la foule, ajoutant que la fixation de la frontière instable avec l’Azerbaïdjan « ne doit être fait qu’après la signature d’un traité de paix » avec Bakou.
« Nous exigeons la démission immédiate de Nikol (Pachinien) »a déclaré à l’Agence France-Presse l’un des manifestants, Artour Sargsian, 67 ans, qui affirme avoir participé à deux guerres contre l’Azerbaïdjan.
Importance stratégique
Le territoire cédé revêt une importance stratégique pour l’Arménie enclavée car il contrôle des tronçons d’une route vitale vers la Géorgie. Les habitants arméniens des villes voisines affirment que cette mesure les coupe du reste du pays et accusent le Premier ministre Nikol Pachinian de céder des territoires sans rien obtenir en retour. M. Pashinian assure de son côté que cette décision vise à garantir la paix avec Bakou.
Dans une déclaration télévisée vendredi soir, le Premier ministre a assuré que la résolution des différends frontaliers avec l’Azerbaïdjan « est la seule garantie de l’existence même de la République arménienne à l’intérieur de sa frontière légitime et internationalement reconnue ».
L’archevêque Bagrat Galstanian cherche à lancer une procédure de destitution contre M. Pashinian. Il a déclaré dimanche qu’il renoncerait à son rôle clérical pour se présenter au poste de Premier ministre et a appelé à des élections législatives anticipées.
« Mon service spirituel est au-dessus de tous les postes possibles, mais je suis prêt à le sacrifier au nom du changement dans ce pays », a-t-il dit à la foule qui l’acclamait. Il a ensuite appelé les manifestants à se diriger vers la résidence de M. Pachinian.