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En Arménie, 151 manifestants opposés au transfert de terres vers l’Azerbaïdjan arrêtés

Des manifestants arméniens protestent contre la cession de territoires à l'Azerbaïdjan voisin, place de la République, Erevan, le 12 mai 2024.

La police arménienne a annoncé l’arrestation de 151 manifestants, lundi 13 mai, dans la capitale Erevan, alors qu’ils protestaient contre la décision du gouvernement de céder des terres à l’Azerbaïdjan, son voisin et grand rival, dans le cadre des pourparlers de paix. Plus tôt, la police avait évoqué 88 premières arrestations pour « refus d’obtempérer ». Selon la même source, aucune rue d’Erevan n’est actuellement bloquée. Des centaines de manifestants se sont rassemblés lundi, selon des journalistes de l’Agence France-Presse, qui ont vu des policiers procéder à des interpellations dans la rue.

L’Arménie, pays du Caucase, est secouée depuis plusieurs semaines par des rassemblements de ce type, Bagrat Galstanian, le leader de ce mouvement, réclamant la démission du Premier ministre Nikol Pachinian.

Ce dernier a accepté de céder à son voisin quatre zones entourant les villages frontaliers de la région de Tavouch, dont les forces d’Erevan s’étaient emparées après la première guerre du Haut-Karabakh (1988-1994), qui avait contraint leurs habitants azerbaïdjanais à fuir. Cette région frontalière présente un intérêt stratégique pour l’Arménie, notamment en raison du passage de l’axe routier avec la Géorgie et d’un gazoduc russe.

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Craintes d’une nouvelle guerre

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a assuré fin avril qu’un accord de paix avec l’Arménie était en cours. « Plus proche que jamais ». Mais les craintes d’une nouvelle guerre restent très fortes, alimentées par les affrontements armés qui éclatent régulièrement à la frontière. Nikol Pashinian estime que des compromis avec Bakou sont nécessaires pour éviter une nouvelle conflagration. D’autant que l’Arménie, en position de faiblesse, ne peut plus compter sur l’aide de la Russie, son allié traditionnel, resté passif lors de l’offensive azerbaïdjanaise de septembre 2023 au Haut-Karabakh et désormais considéré comme ayant trahi son pays.

En plus de trente ans, l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livrés trois guerres pour le contrôle de l’enclave contestée du Haut-Karabakh, que les Arméniens considèrent comme le berceau de leur patrie. Après sa victoire lors de la première guerre, Erevan a essuyé une cuisante défaite lors de la seconde, à l’automne 2020. La dernière, survenue à la fin de l’offensive éclair de Bakou, en septembre 2023, a entraîné la perte du Haut-Karabagh et de la région. exode forcé des quelque 120 000 Arméniens qui y vivaient.

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Outre les villages de la région de Tavouch, l’Azerbaïdjan réclame la création d’un corridor traversant la région arménienne de Siounik (Sud) afin d’avoir une liaison terrestre avec son enclave du Nakhitchevan.

De son côté, Erevan réclame l’enclave d’Artsvashen (Bachkend en azéri), ​​située en territoire azerbaïdjanais et contrôlée par Bakou depuis les années 1990, ainsi que les zones conquises par l’Azerbaïdjan au cours des trois dernières années et qui se situent à l’intérieur des frontières arméniennes.

Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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