Le président argentin Javier Milei a marqué un point, mercredi 11 septembre, sur le sujet des retraites, alors qu’une manifestation extérieure contre sa politique ultralibérale a donné lieu à des affrontements.
La Chambre des députés, avec une marge confortable, n’a pas invalidé le veto présidentiel opposé il y a dix jours à une loi adoptée par le Sénat, qui prévoyait une récupération des retraites gravement affectées durant les premiers mois de la gestion de Milei par la dévaluation et l’austérité budgétaire.
Le texte prévoyait un rattrapage de 8,1% – la retraite minimale en Argentine est de 225.454 pesos, soit environ 210 euros – et ce indépendamment du futur système de retraites, qui sera désormais indexé sur l’inflation. M. Milei s’était virulemment opposé à ce coup de pouce, accusant les sénateurs d’irresponsabilité qui se paiera en points de croissance.
Politique d’austérité drastique
Depuis décembre 2023, le président met en œuvre une politique d’austérité drastique qui s’est traduite par plusieurs soldes budgétaires mensuels, inédits depuis quinze ans en Argentine, mais aussi par une forte récession (-3,5% prévus fin 2024).
Pour être invalidé, le veto présidentiel aurait nécessité le vote contre des deux tiers de chaque Chambre. Parmi les députés, M. Milei – dont le petit parti libertaire est très minoritaire – a réussi à rallier des élus de l’opposition modérée (centre et centre-droit), pour dépasser le tiers requis, et son veto a prévalu.
Dans un message sur son compte X, il a félicité les députés mobilisés, « Des héros qui ont mis un terme aux dégénérés budgétaires qui ont tenté de détruire l’équilibre budgétaire que les Argentins avaient tant travaillé à atteindre ».
« Nous ne pouvons pas dépenser ce que nous n’avons pas »a lancé lors du débat la députée Juliana Santillan du parti présidentiel, reprenant l’un des slogans favoris du chef de l’État : « Il n’y a pas d’argent ! » (« Il n’y a pas d’argent ! »).
« Nous débattons de 15 000 pesos, soit une douzaine d’empanadas, pour chaque pension ! »de l’autre côté, le radical Rodrigo de Loredo (opposition, centriste) s’est indigné, en faveur d’un rattrapage pour les retraités qui ont souffert « un ajustement violent ».
Gaz lacrymogène et balles en plastique
Devant le parlement, les forces de l’ordre, déployées en nombre, s’étaient préparées à une manifestation massive et risquée, à l’appel des syndicats et des mouvements sociaux proches de l’opposition péroniste ou de la gauche radicale. En avril, des centaines de milliers de personnes s’étaient mobilisées pour défendre l’université publique, obligeant le gouvernement à faire marche arrière en partie sur son financement.
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Mercredi, alors que la mobilisation était moins forte que prévu, des heurts sporadiques ont eu lieu en fin d’après-midi avec de petits groupes de manifestants, et la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en plastique, a constaté l’Agence France-Presse (AFP). La manifestation a finalement été dispersée. Plusieurs médias ont fait état de douze blessés, dont trois hospitalisés selon le journal La NationDes chiffres non confirmés en début de soirée par une source officielle. Trois personnes ont été arrêtées pour rébellion, a confirmé à l’AFP une source au ministère de la Sécurité.
Après neuf mois au gouvernement et dans un contexte d’inflation en décélération (entre 4% et 5% mensuels depuis quatre mois), M. Milei conserve une image positive dans les sondages, oscillant autour de 50%. Il a été élu en décembre 2023 avec 55% des voix. Le gouvernement espère réduire l’inflation, contenue à moins de 130% cette année, contre 211% en 2023.