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En Argentine, la disparition d’un enfant alimente la défiance envers les institutions

LETTRE DE BUENOS AIRES

Capture d'écran d'une émission du 9 juillet 2024 de la chaîne argentine America 24 évoquant la disparition du petit Loan.

Depuis trois semaines, la photo de Loan Danilo Peña, 5 ans, disparu le 13 juin, circule sur les réseaux sociaux et tourne en boucle sur les écrans de télévision de tout le pays. Sur les chaînes d’information en continu, un défilé d’experts en tous genres donnent leur avis sur un scandale judiciaire qui émeut la population, suspendu au moindre rebondissement de l’enquête.

Dans la ville de Nueve de Julio, un village de 2 500 habitants situé dans la province de Corrientes, au nord du pays, Loan déjeune entouré de sa famille et d’une poignée d’invités. En ce jeudi de la Saint-Antoine, particulièrement célébrée dans la province, treize personnes sont assises autour de la table de cette humble maison appartenant à sa grand-mère, Catalina.

La photo de la réunion de famille, qui sera largement diffusée quelques jours plus tard, montre tout d’un déjeuner comme un autre. Quelques minutes après la prise de la photo, peu avant 14h30, le garçon est parti avec cinq autres enfants et trois adultes cueillir des oranges dans les environs, selon des témoignages rapportés par les médias locaux.

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La balade digestive a vite tourné au drame. Quelque part sur les 600 mètres qui séparent la maison de Catalina du fameux oranger, le petit Loan a soudainement disparu, sans que personne ne semble savoir comment. Rapidement, les habitants ratissent les champs environnants. Aucune trace de l’enfant n’est retrouvée.

Le lendemain, L’affaire se répand et prend de l’ampleur. Les recherches s’intensifient dans cette zone rurale parfois difficile d’accès. L’alerte enlèvement est déclenchée à la demande de la Fondation Alameda, spécialisée dans le soutien aux familles victimes de la traite des êtres humains. La photo de Loan commence à être partagée sur les réseaux sociaux et dans les médias, qui recueillent les premiers témoignages.

Enlevé au profit d’un réseau de trafiquants

Alors que débute la semaine jalonnée de plusieurs jours fériés, l’enquête traîne en longueur et tâtonne. D’erreurs de procédure en témoignages douteux, des rumeurs circulent sur les raisons de la disparition de Loan dans ce petit village où tout le monde se connaît : rite religieux, maltraitance familiale, enlèvement. Alors que les habitants de Nueve de Julio manifestent chaque soir pour que Loan soit retrouvé, l’hypothèse d’un enlèvement au profit d’un réseau de trafiquants semble se consolider.

Entre 2020 et 2023, en Argentine, 5 075 victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle ou de travail ont été libérées de ces réseaux, selon le rapport de gestion du Comité de lutte contre la traite des personnes. « Tout a été mal fait et au mauvais moment. (dans cette instruction) »assure José Maria Serbin. Cet ancien délégué de la direction du comité et représentant de la Fondation Alameda dans la province de Corrientes déplore que  » depuis quelques mois (et l’arrivée au pouvoir de Javier Milei en décembre 2023), La direction du Comité de lutte contre la traite des êtres humains, qui coordonne l’action des différents ministères et organisations en matière de prévention et de lutte contre la traite, a été complètement démantelée.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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