En Argentine, Emmanuel Macron défend les accords climatiques et les agriculteurs français avec Javier Milei
Après un hommage très symbolique aux victimes, notamment françaises, de la dictature militaire argentine, le chef de l’Etat français a rejoint la Casa Rosada, le palais présidentiel, où il a été accueilli par son homologue, accusé de révisionnisme sur cette sombre page de l’histoire. du pays latino-américain.
Un deuxième tête-à-tête après le dîner de la veille, au début de ce tour de six jours en Amérique Latine.
« Nous allons parler de nos intérêts commerciaux, de nos échanges, de la défense de notre agriculture et de nos agriculteurs », a déclaré samedi Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux dans l’avion qui l’emmenait en Argentine.
« Nous ne pensons pas toujours la même chose sur beaucoup de sujets », a-t-il ajouté, « mais c’est très utile d’échanger des idées pour préparer » le G20, auquel les deux hommes participeront lundi et mardi à Rio de Janeiro. .
Le Mercosur dans le viseur
La visite se déroule dans un contexte particulier.
En France, soutenus par une classe politique unie dans une rare unanimité, les agriculteurs se mobilisent contre le traité de libre-échange que la Commission européenne, poussée par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Espagne, espère signer d’ici la fin de l’année avec le Mercosur, l’agence régionale. bloc qui comprend l’Argentine et le Brésil.
Ils craignent un déferlement de la viande latino-américaine, et mettent en garde contre une concurrence déloyale de produits non soumis aux strictes normes environnementales et sanitaires en vigueur en Europe.
A Buenos Aires puis à Rio, Emmanuel Macron sera le porte-parole de ce refus, même si ce sont surtout les autres Européens qu’il doit convaincre de ne pas ignorer l’opposition française. Il insiste pour que Paris rejette ce texte « tel quel », exigeant qu’il intègre le respect de ces normes ainsi que l’accord de Paris sur le climat.
Pourtant, Javier Milei est un admirateur de Donald Trump, un climato-sceptique comme le républicain qui vient de faire un retour tonitruant en remportant l’élection présidentielle américaine.
L’Argentine vient de retirer sa délégation des négociations sur le climat de la COP29 à Bakou et les spéculations vont bon train sur sa possible sortie de l’accord de Paris, une décision prise par Donald Trump lors de son premier mandat.
Emmanuel Macron espérait donc, selon son entourage, « lier » le président argentin au « consensus international » et aux « priorités du G20 », notamment en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
« Nous ne vous oublierons pas »
Dimanche, le chef de l’Etat français, accompagné de son épouse Brigitte Macron, a débuté la journée par son hommage dans l’église de Santa Cruz, lieu de mémoire de la résistance contre la dictature (1976-1983).
« Nous ne vous avons pas oublié », a-t-il déclaré aux proches des victimes. En décembre 1977, plusieurs membres fondateurs des Mères de la Place de Mai, qui réclamaient des informations sur leurs proches disparus, furent arrêtés, torturés et assassinés après s’être réunis dans cette église.
Parmi les victimes figuraient les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon, kidnappées puis tuées par la dictature. Au total, au moins 22 Français figuraient parmi les morts ou disparus de cette période.
« Je vous remercie pour votre présence », « surtout en ce moment », a déclaré dimanche au président français l’un des proches des victimes. Un autre lui a demandé « que les intérêts politiques et économiques ne nous font oublier ni l’idéal ni (…) l’espoir de rendre justice ».
Javier Milei, au pouvoir depuis onze mois, et plus encore sa vice-présidente Victoria Villaruel, issue d’une famille de militaires, sont accusés de révisionnisme par les organisations de défense des droits de l’homme. Ils n’hésitent pas à revenir sur le bilan de la junte militaire : alors que celui, généralement admis, des organisations de défense des droits de l’homme fait état de 30 000 morts, Javier Milei évoque moins de 9 000 victimes.