Niché au cœur de l’Alsace et de sa voie du vin, Mittelbergheim parvient à réunir certains des meilleurs vignobles de la région.
Niché au cœur de l’Alsace, sur la célèbre route viticole, entre Strasbourg et Colmar, Mitelbergheim est bien plus qu’un simple village viticole. Classé parmi les « plus beaux villages de France », il secoue par son architecture de la Renaissance unique, caractérisée par des maisons en pierre rose élégantes, sans les demi-timbres de semi-lourds alsaciens traditionnels. Mais c’est aussi, et surtout, un terroir exceptionnel où des vignes passionnées cultivent l’art du vin avec une ferveur communicative.
Ce lundi de janvier, l’hiver s’est lentement installé au cœur du village. Dans cette ville agricole de Bas-Rhin, à 40 minutes au sud de Strasbourg, affirme une concentration de talents viticoles. André Kleinknecht, Jean-Pierre Rietsch, Lucas Rieffel et André Rohrer, quatre figures emblématiques du village, frottent les épaules et se soutenaient mutuellement depuis plus de vingt ans. Ces « fantastiques 4 » partagent le même amour de la terre et un désir commun de produire des vins émotionnels.
Un village soudé
Le travail de taille bat son plein et les restaurants ouvrent le lundi midi après la période des fêtes sont rares. Michael, propriétaire de The Spes In Andlau, est ravi d’accueillir ces vignerons emblématiques avant de partir en vacances. Attaqué tous ensemble, l’atmosphère se moque, les répliques fusionnent comme dans un film à Lautner. Une complicité palpable s’est installée au fil des ans. « Dans Mitelbergheim, l’aide mutuelle est impeccable, quand il y a une préoccupation, des collègues sont là! S’exclame André Kleinknecht, qui préside la table. Même si nous ne partageons pas toujours la même philosophie sur le travail des vignes, nous nous soutenons ». L’aide mutuelle viticulturelle est loin d’être évidente dans de nombreuses régions où les rivalités persistent.
Jean-Pierre Rietsch, le doyen du groupe, est le dernier à s’être converti à l’agriculture biologique sur tout son domaine. Après avoir travaillé pendant plus de vingt ans aux côtés de sa sœur, il a décidé, au début des années 2000, avec sa femme Sophie, pour réduire la surface du domaine pour se concentrer sur les fermes longues. Cette approche donne une profondeur et une tension singulières à ses vins, y compris ses Sylvaners du Grand Cru Zotzenberg. Fraîchement retiré, il continue de superviser son équipe jeune et dynamique avec gentillesse, transmettant son savoir-faire et sa passion.
Une terre de précurseurs
Lucas Rieffel, le plus jeune du groupe, a fait la paix avec son père, avec qui il n’a pas partagé les mêmes idées sur le travail dans le vignoble. Il a trouvé un mentor dans la personne d’André Ostertag, célèbre vigneron d’Epfig, quelques kilomètres plus au sud. « Un intellectuel brillant qui comprenait avant tout que la baisse des rendements pourrait être la clé pour donner naissance à des vins spécifiques »Enthousiasme ce passionné de bulle, qui produit l’un des crémants les plus remarquables du village, caractérisé par une belle bulle et une acidité électrisante.
Un homme a joué un rôle crucial dans l’amener ces viticoles à rassembler: Philippe Bon. L’écrivain du blog « Oenophil », a tragiquement disparu en mai 2020, il était un ami proche de Jean-Pierre Rietsch et un fervent défenseur des vins d’Alsace. «Philippe s’est régulièrement organisé avec des amis, des dégustations ciblées entre elles, Rappelle Lucas Rieffel. Au début, les séances étaient très techniques, nous avons échangé sur notre travail, mais rapidement le ton est devenu plus léger et l’atmosphère de joie. « Sa belle connaissance du vignoble alsacien et son amour pour le partage ont contribué à tisser des liens inébranlables entre les hommes et les femmes du village. Ses dégustations ont été l’occasion d’échanges techniques, mais aussi des moments de convivialité et de partage qui ont renforcé la cohésion du groupe.
Pour Jean-Pierre Rietsch et ses équipes, le grand jour se termine par un sourire. Après une journée bien remplie, les travailleurs se réunissent près de la cheminée pour boire à la santé de Timothé, qui célèbre son anniversaire. Jean-Pierre décide spontanément d’ouvrir un Crémant 2014, « Mon premier millésime sans soufre »Il souligne-t-il. La bulle d’une finesse incroyable cède la place à une bouche sur des amers doux. Les sourires complices échangés avec tous les travailleurs reflètent la beauté du moment. Dans Mitelbergheim, plus qu’ailleurs, le vin est une question de cœur et d’amitié. L’héritage de Philippe Bon et l’esprit d’aide mutuelle qui animent les villageois promettent de belles cuvées pour les années à venir.