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En Allemagne, le Parti social-démocrate attaqué pour sa faiblesse à l’égard de Moscou

Le chancelier allemand Olaf Scholz et son cabinet avant leur réunion hebdomadaire à Berlin le 27 mars 2024.

Au sein de sa coalition, Olaf Scholz a l’habitude d’être critiqué par ses partenaires écologistes et libéraux pour ne pas avoir suffisamment aidé l’Ukraine à combattre la Russie. Désormais, le chancelier allemand est également critiqué par les intellectuels appartenant à sa famille politique. « En tant qu’universitaires et membres du Parti social-démocrate (SPD)nous observons avec une inquiétude croissante la position du SPD sur la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine »» ont déclaré cinq historiens dans une lettre adressée à la direction du parti et rendue publique mercredi 27 mars.

Co-signée par le très respecté Heinrich August Winkler, éminent spécialiste de l’Allemagne contemporaine et lui-même membre du SPD depuis 1962, cette lettre de deux pages constitue une accusation sévère contre Olaf Scholz et les dirigeants de son parti, accusés de manquement « clarté » dans leur soutien à l’Ukraine. Selon les auteurs de la lettre, le refus récemment exprimé par le chancelier de livrer des missiles à longue portée de type Taurus aux forces de Kiev était justifié par des arguments « arbitraire, tortueux et partiellement inexact ». A leurs yeux, cette décision a été prise «insuffisamment coordonné avec les alliés» de l’Allemagne. UN « manque d’unité » ce qui, selon eux, ne peut que « pousser Poutine à se sentir encore plus encouragé à agir comme il le souhaite ».

Dans leur lettre, les cinq historiens s’en prennent notamment à Rolf Mützenich, le chef des députés du SPD, qu’ils accusent d’avoir déclaré à la tribune du Bundestag, le 14 mars, que « Le moment est peut-être venu de réfléchir à un moyen de geler la guerre ». À leurs yeux, une telle affirmation revient à dire que le conflit doit cesser « au profit de l’agresseur »ce qui est en contradiction avec l’engagement martelé par M. Scholz, selon lequel « L’Ukraine ne doit pas perdre la guerre ».

« L’issue de la guerre sera négociée »

En évoquant un possible  » geler «  du conflit, M. Mützenich a été vivement critiqué. « Ce type est le politicien le plus dégoûtant de toute l’Allemagne », a réagi l’ancien ambassadeur d’Ukraine à Berlin, Andrij Melnyk, désormais en poste au Brésil. Même au sein du SPD, certains ont pris leurs distances, comme le ministre de la Défense Boris Pistorius, pour qui « il ne doit pas y avoir de gel (de conflit)dont Poutine sortirait renforcé et qui lui permettrait de poursuivre la guerre comme bon lui semble.»

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Figure de l’aile gauche du SPD, M. Mützenich s’est toujours distingué par ses convictions pacifistes qui l’ont amené, ces dernières années, à prôner une politique des mains tendues à l’égard de la Russie. Sur ce point, il se retrouve en accord avec les héritiers de l’ancien chancelier Gerhard Schröder (1998-2005). A l’instar de l’actuel président de la République, Frank-Walter Steinmeier, qui, à l’époque où il était ministre des Affaires étrangères d’Angela Merkel (de 2005 à 2009 puis de 2013 à 2017), était considéré comme un « Poutinversteher » (« un de ceux qui comprennent Poutine »).

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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