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En Allemagne, le parti d’extrême droite AfD dans la tourmente

Les codirigeants de l'AfD, Alice Weidel et Tino Chrupalla, après l'arrestation d'un collaborateur de la tête de liste du mouvement aux élections européennes.  Au Bundestag, Berlin, le 23 avril 2024.

C’était le 29 juillet 2023. Ce jour-là, réunis en congrès à Magdebourg, quelque 600 délégués du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) étaient appelés à désigner leurs candidats pour les élections européennes du 9 juin 2024. L’eurodéputé Maximilian Krah est arrivé en tête, mais avec seulement 66%, même si son adversaire était un ancien officier de la Bundeswehr totalement inconnu du parti.

A l’époque, les observateurs expliquaient ce score par la personnalité de M. Krah, jugé trop clivant par beaucoup en interne en raison de sa proximité avec l’extrême droite européenne la plus radicale, comme le parti Renaissance bulgare ou le mouvement hongrois Notre. patrie, mais aussi de sa vision ouvertement ethniciste de l’Europe, résumée dans cette phrase prononcée en février 2023 : « L’Europe à laquelle nous pensons est celle des Germains, des Romains et des Slaves qui n’ont pas été christianisés par Constantinople. »

Neuf mois plus tard, M. Krah, 47 ans, devait être l’intervenant vedette du meeting organisé par l’AfD, samedi 27 avril, à Donaueschingen, dans le sud-ouest de l’Allemagne, pour le lancement de la campagne des européennes. Ce ne sera pas le cas. Mardi, on apprenait qu’un de ses proches collaborateurs, soupçonné d’espionnage pour le compte de la Chine, avait été arrêté à Dresde. Mercredi, le parquet fédéral allemand a annoncé l’ouverture de deux enquêtes préliminaires contre l’eurodéputé, soupçonné d’avoir reçu illégalement de l’argent de donateurs russes et chinois.

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S’il vous plaît soyez discret

Le 16 avril, l’hebdomadaire Le Spiegel et la chaîne publique allemande ZDF avait révélé que M. Krah avait été interrogé pendant plusieurs heures par la police fédérale américaine, en décembre 2023, en marge d’un déplacement à New York où il était venu assister à un gala organisé par le club de jeunes républicains de la ville, en présence de Donald Trump. Objet de l’interrogatoire : un échange de messages, interceptés par le FBI, évoquant de mystérieux « compensation financière » dont M. Krah aurait bénéficié auprès de l’ancien député ukrainien Oleg Voloshin, proche du Kremlin.

Dans ses bottes, l’eurodéputé allemand a assuré qu’il  » n / A(volonté) rien à redire » et qu’il « repos(a) en haut de la liste » pour les élections du 9 juin. Mais la direction du parti, qui l’a convoqué à Berlin mercredi matin, lui a demandé d’être discret : absent du meeting de Donaueschingen, il ne doit pas apparaître sur des clips vidéo ni sur des affiches de campagne.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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