Le repli sur soi du régime taliban se fait de plus en plus limité. Après le refus de Kaboul d’accéder aux appels de la communauté internationale à revoir sa politique d’effacement des femmes de la vie sociale, les islamistes afghans s’en prennent à la campagne de l’ONU contre la polio. Lundi 16 septembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé que la vague de vaccination qui devait débuter en Afghanistan était suspendue. Ce pays est le dernier, avec le Pakistan, où la maladie reste endémique.
Le directeur régional de l’OMS, Hamid Jafari, a déclaré que des discussions étaient en cours avec les autorités talibanes pour fixer une nouvelle date. Mardi, après avoir nié l’arrêt brutal, un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré que son pays ne pourrait pas » souhait(ait) « utiliser des méthodes plus professionnelles pour arrêter la propagation de la maladie »Selon l’OMS, les talibans souhaitent que les vaccinations soient effectuées dans des mosquées ou des lieux publics sous leur contrôle et non plus par la méthode du porte-à-porte.
Faible taux d’inclusion des femmes
Pour l’ONU, cette décision « Cela peut avoir des effets désastreux, en particulier sur la population jeune du pays »Ce virus est l’un des plus contagieux au monde et les enfants non vaccinés sont les principaux vecteurs d’une maladie qui peut entraîner la mort ou la paralysie. Interrompre cette campagne de vaccination pourrait réduire à néant des années de progrès en matière de protection sanitaire.
L’OMS rappelle que dix-huit cas de polio ont été enregistrés en Afghanistan au cours des huit derniers mois, principalement dans le sud du pays. Ce chiffre est en hausse par rapport à 2023, qui avait enregistré un total de six cas. Le diplomate, Dr. Hamid Jafari de l’OMS assure que « Tous les partenaires sont en discussion pour comprendre la portée et l’impact de tout changement dans la politique actuelle d’éradication de la polio »Ces discussions peuvent durer car elles ne portent pas seulement sur des questions d’efficacité, mais aussi, et surtout, sur l’idée que le régime se fait de sa souveraineté et sur l’adéquation de la lutte contre la polio avec sa conception de la loi islamique.
Au cours de l’été, l’OMS a annoncé que l’Afghanistan et le Pakistan s’étaient engagés dans une « campagne intensive et synchronisée » Pour améliorer la couverture vaccinale, l’OMS a pu, pour la première fois depuis 2019, faire du porte-à-porte en juin, atteignant ainsi, selon elle, la majorité des enfants ciblés. Seule la province méridionale de Kandahar, fief du chef suprême des talibans, le mollah Haibatullah Akhundzada, avait imposé l’utilisation d’espaces publics transformés en sites de vaccination, notamment les mosquées, qui semblaient « beaucoup moins efficace » Selon les experts de l’ONU, l’autre défaut réside dans « le taux global d’inclusion des femmes dans les campagnes de vaccination, de l’ordre de 20%, ce qui a pour effet d’augmenter le nombre d’enfants infectés ».
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