Aucune condamnation internationale n’a eu lieu, 24 heures après la chute d’un missile balistique sans tête nucléaire à quelques centaines de kilomètres du territoire polynésien. « Un coup de routine » pour la Russie évoqué en 5 courtes lignes par le Haut-Commissaire Eric Spitz qui s’exprimait lors… de la soirée de gala de la Fête nationale de la République populaire de Chine. Déplacez-vous, y a-t-il quelque chose à voir ?
1 – Seules trois grandes puissances ont exprimé leur inquiétude
Une « grave préoccupation » pour le Japon. La Nouvelle-Zélande a déclaré mercredi que le test de missile balistique de la Chine dans le Pacifique Sud était « importun et préoccupant », et s’est engagée à consulter ses alliés à mesure que les détails deviendraient plus clairs. Le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshimasa Hayashi, a annoncé qu’« il n’y avait eu aucune notification de la Chine » concernant le lancement. Yoshimasa Hayashi a également indiqué que le renforcement rapide de la puissance militaire de Pékin et son manque de transparence constituent un « grave préoccupation » pour son pays. Les missiles balistiques intercontinentaux comptent parmi les armes les plus puissantes au monde et peuvent transporter des ogives nucléaires dévastatrices.
C’est probablement la première fois depuis des décennies que nous assistons à un tel test
Ankit Panda. chercheur à la Fondation Carnegie pour la paix internationale
« Cet essai « reflète probablement la modernisation nucléaire en cours par la Chine, qui se manifeste par de nouveaux besoins en matière d’essais » conclut la Fondation dans un communiqué.
2 – Le tir a été annoncé par les autorités chinoises et il est tombé à l’endroit prévu
«Il tombait précisément dans la zone maritime prédéterminée»» a déclaré le ministère chinois de la Défense sans préciser d’où il avait été tiré, ni dans quelle zone il avait atterri. Les tests de missiles balistiques intercontinentaux chinois dans les eaux internationales sont rares. Selon plusieurs experts et une étude historique du programme chinois réalisée par le Nuclear Threat Initiative, basée à Washington, le dernier test remonte à mai 1980 lorsque Pékin a lancé son missile DF-5 dans le Pacifique Sud.
Ce nouveau cliché est d’autant plus inédit qu’il » a été annoncé par le ministère de la Défense lui-même, généralement discret sur ces choses.
3 -Eric Spitz tergiverse dans son discours de ce mercredi
Ce mercredi soir lors de la Fête nationale de la République populaire de Chine, Eric Spitz, le Haut-Commissaire de la République, s’est exprimé en 5 lignes sur la position française, dominée par un silence assourdissant de Matignon et de l’Elysée. « Je ne suis pas autorisé à faire un commentaire qui relèverait du niveau ministériel. A mon niveau, je me contenterai de faire les trois observations suivantes. Tout d’abord et évidemment, ce missile emportait une ogive inerte, c’est-à-dire sans explosifs. Puis, il est tombé dans les eaux internationales de l’océan Pacifique. Enfin, les autorités chinoises avaient préalablement notifié cet essai à leurs homologues françaises.
les autorités françaises ne manqueront pas de faire connaître le moment venu, et si elles l’estiment nécessaire, leur position sur ce tir
Eric Spitz, Haut-Commissaire de la République en Polynésie française
4- Toutes les grandes puissances se testent avec les lancements de missiles balistiques
Le dernier lancement, côté ouest, était sans doute celui du 4 juin 2024. A 00h56 (9h56 heure de Paris), la rampe de lancement de la base spatiale de Vandenberg (Californie, Etats-Unis) s’est éclairée dans le ciel. nuit noire. L’armée américaine a tiré un missile balistique intercontinental (ICBM) Minuteman III lors d’un test. Pour l’occasion, le missile était équipé d’un seul véhicule de rentrée. Pour rappel, les ICBM Minuteman III sont normalement équipés d’un certain nombre d’ogives thermonucléaires, dont chacune est placée dans un véhicule de rentrée, permettant à l’ogive stratégique de rentrer dans l’atmosphère sans se désintégrer. L’engin a terminé son voyage près des Îles Marshall.
5- Personne n’a intérêt à se mettre en colère contre la Chine
Dans un contexte géopolitique mondial marqué par la ligne de front ukrainienne et l’embrasement au Moyen-Orient, l’axe russo-chinois souhaité par le président Poutine n’a jamais autant inquiété les experts de l’Otan : livraisons d’armes occultes, posture diplomatique…
La tâche la plus urgente à laquelle est confrontée l’ONU c’est cesser de céder à la pression de la République populaire de Chine et à sa volonté expansionniste à l’égard de Taiwan. L’armée chinoise mène régulièrement depuis juillet 2020 d’importantes manœuvres dans le détroit de Taiwan, en mer de Chine méridionale. La Chine peut donc être un médiateur aussi bien auprès de Vladimir Poutine qu’avec la Corée du Nord. Tout en imposant son arsenal nucléaire dans la dissuasion infernale : elle dispose de 300 silos pour missiles balistiques à longue portée et souhaite doubler ce nombre d’ici 2030.