en 2024, le déficit pourrait être supérieur de 6 milliards d’euros aux prévisions
Les finances de notre État providence pourraient être encore plus dégradées que prévu en 2024. Le déficit serait supérieur de 6 milliards d’euros à celui initialement prévu, si l’on prend en considération les régimes de base obligatoires de sécurité sociale et le Fonds de solidarité vieillesse, chargé de couvrir divers dépenses de notre système de retraite (y compris le minimum vieillesse). C’est l’un des enseignements du rapport de la commission des comptes « Sécu », qui doit être présenté jeudi 30 mai, et qui Le monde a pu consulter.
Promulguée fin décembre 2023, la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2024 prévoyait un solde négatif de 10,5 milliards d’euros. Il devrait à terme atteindre – 16,6 milliards. Cette détérioration est principalement due à l’évolution de « les recettes des cotisations sociales sur les revenus du travail » et des ressources fiscales, moins dynamiques que ce que le législateur attendait à l’automne 2023. A l’époque, l’exécutif tablait sur une croissance économique de 1,4% pour 2024. Depuis, cette prévision a été revue à la baisse, à + 1%, qui va à l’encontre du recouvrement des prélèvements obligatoires.
Ce nouveau dérapage est mis en lumière au moment même où la Cour des comptes braque les projecteurs sur la trajectoire « insoutenable » finances sociales. Lors d’une conférence de presse mercredi, au cours de laquelle il a présenté le rapport annuel «sur l’application du LFSS»Pierre Moscovici, premier président du tribunal de grande instance, a exprimé son inquiétude, sur un ton particulièrement direct, face à un « Déficit incontrôlé ».
Comme les années précédentes, deux compartiments de l’État-providence retiennent l’attention. L’Assurance maladie, tout d’abord : en 2023, elle affiche un solde négatif de -11 milliards d’euros et pourrait plonger encore un peu dans le rouge cette année (à -11,5 milliards d’euros, selon la commission des comptes « Sécu »). L’autre secteur en très mauvaise santé est la branche vieillesse : alors que le déséquilibre s’était réduit, en 2023, à – 1,5 milliard d’euros, il augmenterait encore cette année, pour remonter à – 7 milliards, en considérant l’ensemble des régimes de base et le Fonds de Solidarité Vieillesse. Et les chiffres risquent d’être pires dans les années à venir.
De multiples propositions pour réduire le déficit
Ces mauvais résultats sont en partie imputables aux difficultés croissantes rencontrées par la caisse de retraite des employés des hôpitaux publics et des fonctionnaires territoriaux. La proportion de cotisants par rapport à celle des retraités continue de baisser (1,52 en 2022 contre 2,28 en 2010, selon la Cour des comptes). Le phénomène provoque un redoutable effet de ciseau : d’un côté, les revenus diminuent, tandis que de l’autre, les besoins de financement augmentent. Le déficit de ce régime pourrait ainsi s’élever jusqu’à 3,6 milliards d’euros en 2024 (contre 2,5 milliards en 2023) et s’envoler jusqu’à environ 10 milliards en 2030.
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