En 2022, les PDG du CAC 40 gagnaient en moyenne 130 fois plus que leurs salariés
L’écart des inégalités salariales continue de se creuser dans les grands groupes. Les patrons du CAC 40 ont en effet gagné en moyenne 130 fois plus que le salaire moyen de leur entreprise en 2022, souligne ce mardi une étude d’Oxfam. Cela représente une augmentation d’environ 17 % depuis 2019.
« La richesse produite ne cesse de croître » dans les entreprises du CAC 40, « mais cette redistribution des richesses est inéquitable », déplore Oxfam dans son rapport. Cash 40 : trop de millions pour quelques hommes. En 1979, ces patrons « ne gagnaient en moyenne que 40 fois plus que le SMIC ».
Une rémunération « disproportionnée et déconnectée »
Ces écarts s’expliquent, selon l’ONG, par des « rémunérations excessives et déconnectées des dirigeants » : en 2022, ces patrons gagnaient en moyenne 6,66 millions d’euros, soit 27 % de plus que trois ans auparavant. Les salariés, quant à eux, ont vu leur salaire augmenter de seulement 9 %.
Teleperformance affiche « de loin » l’écart salarial le plus important, son PDG Daniel Julien ayant gagné 1.453 fois plus que le salaire moyen de son entreprise en 2022, soit 19,7 millions d’euros. Juste après vient Carrefour, dont le PDG gagne 426 fois plus. « Alexandre Bompard gagne en seulement 9 heures l’équivalent du salaire annuel moyen des salariés de Carrefour », résume Léa Guérin, chargée de plaidoyer sur les questions de régulation multinationale.
Oxfam dénonce les relations « toxiques » entre actionnaires et dirigeants
Le patron de Stellantis, Carlos Tavares, figurait en 2022 « seulement » sur la troisième marche du podium des mauvais élèves, ses 22 millions d’euros représentant 341 fois plus que le salaire moyen du constructeur automobile. Un montant déjà jugé « choquant et excessif » par Emmanuel Macron.
Pour Oxfam, c’est la relation « toxique » entre actionnaires et dirigeants qui permet le versement de ces rémunérations « stratosphériques ». La part fixe de la rémunération des dirigeants représente en moyenne 27 % en 2022. La part variable ou en actions représente 69 %.
Des écarts plus réduits chez Crédit Agricole et Orange
Oxfam réclame l’instauration d’un salaire maximum, qui représenterait 20 fois le salaire médian de l’entreprise. C’est à peu près l’ordre de grandeur que l’on retrouvait en 2022 avec le salaire moyen au Crédit Agricole (23) ou à Orange (29).
Quant aux entreprises ciblées, Teleperformance affirme que cet écart entre managers et salariés est « purement théorique et non réel ». La société souligne que la rémunération de son PDG comprenait des « actions de performance », de sorte que la « valeur conservée » n’est « pas celle que percevront les bénéficiaires ».
Carrefour affirme également que les calculs d’Oxfam ne correspondent « à aucune réalité », puisqu’ils rapportent la rémunération d’Alexandre Bompard à celle des 334 000 salariés dans le monde, malgré des « différences de pouvoir d’achat » entre pays.