En vertu d’un mandat d’arrêt européen, la chanteuse malienne Rokia Traoré a été incarcérée en Belgique. Depuis 2019, cet artiste engagé auprès des réfugiés est accusé d’avoir enlevé leur fille au dramaturge belge Jan Goossens. En octobre 2023, elle avait déjà été condamnée à deux ans de prison pour défaut de présentation d’enfant.
La chanteuse malienne Rokia Traoré, sous mandat d’arrêt européen, a été transférée vendredi à Bruxelles depuis l’Italie, où elle avait été arrêtée en juin dernier. « Elle est arrivée en Belgique et a été incarcérée à la prison de Haren », a indiqué à l’AFP un porte-parole du parquet, sans donner plus de précisions.
Agé de 50 ans, l’artiste risque une peine de deux ans de prison pour non-représentation d’enfant, prononcée en octobre 2023 par le tribunal de Bruxelles. Cette décision s’inscrit dans un conflit judiciaire qui l’oppose depuis 2019 à son ancien partenaire, le dramaturge belge Jan Goossens, au sujet de la garde de leur fille, née en 2015. Aujourd’hui âgée de neuf ans et demi, l’enfant vit au Mali, où elle va à l’école, mais son père affirme ne pas l’avoir vue depuis plus de cinq ans.
Un deuxième procès en vue
Dès son arrivée en Belgique, Rokia Traoré a dû marquer son opposition à la condamnation prononcée par contumace, a expliqué son avocat belge, Me Vincent Lurquin. Cette démarche pourrait permettre de rejuger l’affaire en sa présence. Toutefois, « elle restera en détention pendant toute la durée de ce deuxième procès », a précisé le porte-parole du parquet. Une nouvelle audience pourrait avoir lieu dès décembre.
Me Lurquin a déclaré vouloir « trouver un accord dans l’intérêt de l’enfant » avec la partie adverse, afin d’éviter une nouvelle condamnation pour son client.
En 2020, elle fuit Paris avec sa fille
Le litige repose notamment sur le lieu de résidence principale de l’enfant – au Mali ou en Belgique – et sur l’organisation de sa garde entre les deux parents. Si Jan Goossens, 53 ans, ne revendique pas le domicile permanent à Bruxelles, il souhaite que sa fille passe ses vacances en Belgique et que la responsabilité parentale soit partagée. « Dès le début, Me Goossens a souhaité établir une solution équilibrée, garantissant la présence des deux parents dans la vie de leur fille, entre deux pays et deux cultures », a expliqué son avocat, Sven Mary.
Rokia Traoré, opposée à sa remise à la Belgique depuis son arrestation en Italie, a épuisé tous ses recours judiciaires. La Cour de cassation italienne a rejeté son dernier pourvoi le 20 novembre, ouvrant la voie à sa mutation. Ce n’est pas la première fois que la chanteuse est confrontée à des problèmes judiciaires : en mars 2020, elle a été arrêtée à Paris pour avoir refusé de se conformer à une décision d’un juge belge. Elle s’est ensuite envolée pour le Mali avec sa fille, malgré une interdiction de quitter le territoire français.
Engagé auprès des réfugiés
Au-delà de sa carrière musicale, saluée sur la scène internationale, Rokia Traoré est connue pour son engagement en faveur des réfugiés, en collaboration avec les Nations Unies. Jan Goossens, quant à lui, est une figure culturelle reconnue en Belgique. Ancien directeur artistique du Théâtre royal flamand (KVS), il a également dirigé le Festival de Marseille entre 2016 et 2021. L’affaire, mêlant questions familiales et juridiques, reste en attente d’une résolution, qui pourrait intervenir lors du prochain procès.