Sur quelques centaines de mètres seulement, le long d’une artère très fréquentée du centre-ville, se succèdent les boutiques Godot & fils, Or en cash, Comptoir national de l’or, et souvent quelques autres aux noms mêlant termes dorés et pompeux – » or », « ou », « national », « royal »… La multiplication des marques d’achat et de vente d’or ne passe plus inaperçue dans les métropoles et les villes riches.
Les trois principaux réseaux spécialisés (Or en cash, Godot & fils, Comptoir national de l’or) comptent à eux seuls quelque 300 pharmacies, dont beaucoup sont franchisées. Et les inaugurations se succèdent, partout en France, exacerbant la concurrence sur le montant des commissions prélevées. Rue Vivienne, à Paris, au siège de la marque Godot & fils, dont les boiseries intérieures mettent en valeur son âge rassurant (1933), les clients font la queue ce mardi début septembre. « Nous sommes ultra compétitifs, nos commissions avoisinent 1,5% grâce à notre volume de transactions, » vante Antoine Tahar, le directeur de l’agence. Ailleurs, ils peuvent monter jusqu’à 2,5% ou 3,5%. »
Posant un sac en plastique sur son bureau, il poursuit : « Regarder! Ce sont nos achats de la dernière heure. Au moins 1 kilo de bijoux en or. Les quantités sont anormalement élevées depuis le Covid-19 en 2020, mais cela s’est encore accéléré récemment. Les gens profitent de la flambée des prix pour vendre. L’or quitte les maisons… » Il entre aussi. Car le boom d’activité des marchands d’or s’explique tout autant par leurs ventes de pièces, lingots et lingots d’or. Associé chez Godot & fils, Arnaud Fhal assure vendre plus de métal jaune aux particuliers qu’il n’en achète : « Trente ans de gens qui gagnent de l’argent en investissant dans l’or. Nos clients nous adorent ! En 1994, il valait 8 000 euros le kilo. C’est 73 000 euros maintenant. On arrivera sans doute à plus de 100 000 euros… »
L’once d’or a également atteint un nouveau record historique de 2 704,89 dollars, vendredi 18 octobre, après l’annonce de la mort du leader du Hamas Yahya Sinouar à Gaza. Il a gagné environ 30 % depuis le début de l’année.
« On est dans le concret »
Et Arnaud Fhal énumère les innombrables vertus de ce refuge en période d’incertitude, de crise et de conflit armé : « L’or s’échange facilement contre du cash, contrairement à l’immobilier. On est dans le concret, pas dans la cryptomonnaie, on ne parle jamais de « hacking ». Les clients veulent être en sécurité, ils ont peur. Peur de l’inflation, de la dette, de l’effondrement des banques… Lorsqu’ils prennent le lingot entre leurs mains, lorsqu’ils sentent sa densité, ils sont impressionnés. » Solide, rassurant, désormais accessible à plus de budgets puisqu’il existe des lingots de 5 grammes, 2,5 grammes, 1 gramme, même (environ 75 euros).
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