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Emplois, inégalités… L’exemple réussi d’une Espagne gouvernée par la gauche

Madrid (Espagne), correspondance

Une politique économique de gauche va-t-elle ruiner la France ? Le cas de l’Espagne nous montre le contraire. Le désastre économique n’a jamais eu lieu là-bas, bien qu’il ait été constamment annoncé par la droite depuis que la gauche est au pouvoir depuis 2018. Avec l’arrivée au pouvoir du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez cette même année, en coalition avec des formations situées à sa gauche, le gouvernement a poursuivi une politique économique de gauche. Et ce, malgré la pandémie et la guerre en Ukraine.

Résultat : les grands indicateurs mesurant la santé d’une économie indiquent que nos voisins se portent plutôt bien. Pourtant, la droite, le patronat et certaines institutions ont systématiquement mis un frein, justifiant leur rejet par le risque de conséquences graves. En voici quelques exemples.

+54 % du salaire minimum depuis 2018

Le salaire minimum a augmenté de 54 % depuis 2018, passant de 736 euros par mois en 2018 à 1 134 en 2024. Il y a six ans, la mesure avait suscité un vif débat dans le pays. Les représentants des employeurs, les politiques et la presse de droite, ainsi que de nombreux économistes et la Banque d’Espagne, insistaient sur le fait qu’elle entraînerait une perte importante d’emplois, accompagnée d’une réduction du nombre d’heures pour les travailleurs à bas salaires et de la faillite de nombreuses entreprises.

D’ici 2023, la plupart des économistes s’accordent à dire que s’il y a un effet négatif sur l’emploi, il sera marginal, car le pays connaît actuellement une forte croissance de l’emploi. Contrairement aux autres revenus du pays, le salaire minimum a augmenté de 26 %. % entre 2019 et mai 2024, ce qui est supérieur à l’inflation. Cela se traduit par une augmentation de 6,5 % du revenu moyen des personnes concernées, estime une étude duOCDE.

Un marché réglementé, plus d’emplois

Une nouvelle loi sur le travail adoptée en 2022 a été conçue pour réduire la précarité dans un pays qui souffrait d’un taux d’emploi temporaire deux fois plus élevé que la moyenne de l’Union européenne (UE).

«  Si nous changeons les lois du travail et que ces normes compliquent les choses pour les entreprises, peut-être qu’elles n’embaucheront plus personne. »a expliqué Antonio Garamendi, président de l’organisation patronale, en 2020 PDGE. «  Les gens savent-ils que cette réforme va détruire ou arrêter de créer près d’un million d’emplois ? ? » s’est demandé Pablo Casado, leader de l’opposition de droite jusqu’en 2022.

Deux ans plus tard, même si certains angles morts subsistent, la plupart des experts reconnaissent que ses effets ont été positifs. Le taux d’emploi à temps partiel est passé de 26 % à 15,7 %. Le nombre de personnes ayant un emploi n’a jamais été aussi élevé et le chômage est à son plus bas niveau depuis 2008.

Les riches taxés, et encore plus riches

En 2022, en pleine inflation, le gouvernement a lancé plusieurs taxes. D’abord sur les grandes banques, dont les profits ont explosé avec les hausses de taux d’intérêt visant à endiguer la hausse des prix. Ensuite sur le chiffre d’affaires des grandes entreprises énergétiques, dont les profits ont fortement augmenté avec l’inflation des prix de l’énergie.

Il a également décidé d’une augmentation générale pour les contribuables les plus riches, d’une baisse pour les revenus les plus bas et d’une «  impôt temporaire de solidarité sur les grandes fortunes ».

Lire aussi : Taxer les ultra-riches, l’idée qui fait son chemin

Selon la droite et les patrons des secteurs concernés, cette politique détériorerait l’économie en général, puisque les banques et les entreprises énergétiques répercuteraient ces hausses sur leurs clients, renforçant l’inflation. La Banque centrale européenne (BCE), entre autres, partageaient les mêmes craintes. La droite martelait aussi que les plus riches allaient fuir le pays. Pourtant, en 2023, les banques ont enregistré des profits records, les entreprises énergétiques ont renoué avec les profits de 2021 (records à l’époque). Quant aux riches, leur nombre a augmenté, tout comme leur patrimoine. Le gouvernement envisage désormais de pérenniser ces taxes.

De nombreuses autres mesures sociales ont été adoptées, «  revenu minimum vital » (équivalent à RSA), une limitation du prix de l’essence qui a largement contribué à limiter l’inflation, ou encore la gratuité de nombreux transports publics. Résultat : en 2023, le PIB de nos voisins a augmenté de 2,5 %, alors que l’augmentation n’était que de 0,3 % pour l’ensembleUE (1.1 % pour la France). Le taux de chômage reste élevé, à 11,7 % en 2023. Mais il s’agit d’un niveau historiquement bas depuis la crise de 2008.

Il est difficile d’attribuer ces résultats à la seule gestion du gouvernement. Mais une chose est sûre : elle n’a absolument pas provoqué l’effondrement de l’économie espagnole. Les contextes espagnol et français sont, bien sûr, différents. Mais l’exemple mérite d’être médité.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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