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Emplois fictifs et faux papiers… Le procès qui va secouer Marine Le Pen


Emplois fictifs et faux papiers… Le procès qui va secouer Marine Le Pen

Marine Le Pen et 26 autres élus ou cadres du Rassemblement national comparaîtront devant la justice à partir du 30 septembre pour l’affaire des soupçons d’emploi fictif d’assistants du parti au Parlement européen. Le point sur l’affaire.

Le Rassemblement national (RN) face à la justice. Marine Le Pen et 26 autres élus et cadres du parti d’extrême droite seront jugés à partir du 30 septembre pour l’affaire des emplois fictifs d’assistants au Parlement européen. L’affaire secoue le parti avant le début du procès alors que de nouvelles enquêtes de presse ont été menées ces dernières semaines, laissant entrevoir des soupçons d’escroquerie de grande ampleur.

Marine Le Pen, présidente du RN (appelé Front national avant 2018) jusqu’en 2021, ainsi que 11 élus au Parlement européen, 12 assistants parlementaires et 4 collaborateurs du parti sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris pour détournement de fonds publics et complicité de détournement de fonds publics. Il leur est reproché d’avoir, entre 2004 et 2016, utilisé les fonds alloués par le Parlement européen aux députés du parti d’extrême droite pour financer le fonctionnement du parti à la flamme. Le préjudice est estimé à près de 7 millions d’euros.

D’après les éléments de l’enquête et les témoignages de plusieurs témoins, le RN a mis en place un vaste système d’emplois fictifs afin de rentabiliser les financements alloués par le Parlement européen. C’est en 2014, après l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti et lorsque le RN est passé de 3 à 24 élus au Parlement européen que l’affaire a pris de plus grandes proportions. Chaque député pouvait alors recevoir une enveloppe de 23 000 euros par mois pour financer le recrutement d’assistants parlementaires. Une manne financière grâce à laquelle le parti, qui connaissait alors de grosses difficultés et devait rembourser d’importantes dettes, souhaitait retomber sur ses pieds à moindre coût.

Un « système » généralisé d’emplois fictifs

Selon les accusations, lors d’une réunion du 4 juin 2014, chacun des 24 députés européens du RN aurait reçu l’ordre de recruter un assistant parlementaire qui serait chargé de les épauler dans leurs fonctions électives et de laisser à la disposition du parti tous les autres assistants parlementaires qui pourraient être recrutés. Cette instruction est rapportée par Nicolas Franchinard, ancien assistant parlementaire de trois anciens élus du RN qui a témoigné Médiapart, et est mentionné par les élus.

Sophie Montel, qui fut députée européenne du RN de 2014 à 2019, est également revenue sur cette consigne de la direction du parti d’extrême droite dans son direct publié en 2019, Bal tragique au Front national. Trente ans au cœur du système Le PenElle a cité une déclaration de la direction du parti : « Je vous informe que vous aurez le choix de recruter vous-même un assistant et que le reste de votre enveloppe d’assistance parlementaire sera mis à la disposition du parti. »

Des avertissements contre le caractère illégal de cette organisation, assimilable à un système d’emploi fictif, ont été adressés au cabinet de Marine Le Pen et au trésorier du parti de l’époque, Wallerand de Saint-Just, selon des courriels consultés par Médiapart. Lequel semblait, selon ces mêmes courriels, avoir conscience de l’aspect frauduleux du système. Marine Le Pen a toujours nié être impliquée dans la gestion des fonds parlementaires et a simplement indiqué qu’elle était informée du recrutement effectué par les députés ainsi que de la gestion centralisée des fonds parlementaires censée, selon la défense du parti, faciliter la tâche des parlementaires et des assistants.

Des soupçons d’emplois fictifs ont éclaté en 2015 avec la publication d’un nouvel organigramme du RN sur lequel apparaissaient une vingtaine de noms d’assistants parlementaires occupant des postes à responsabilité. Un cumul de fonctions à l’origine de soupçons d’emplois fictifs qui ont poussé le président du Parlement européen de l’époque, Martin Schulz, à dénoncer la situation. L’enquête a alors commencé et il s’est avéré que plusieurs assistants parlementaires dédiés aux travaux parlementaires ne connaissaient pas les autres assistants cumulant un poste au sein du RN comme l’indique Nicolas Franchinard dans Médiapart.

De faux documents pour nier les accusations d’emploi fictif

Pour contrer les soupçons sur des emplois fictifs du RN au Parlement européen, des documents censés prouver l’efficacité du travail des assistants parlementaires ont été fournis par certains membres du parti, dont Jordan Bardella. Le journaliste de LibérerTristan Berteloot, revient sur ces faux documents dans un livre d’enquête et affirme que « pour camoufler cet emploi fictif, l’actuel président du RN a contribué à produire de fausses preuves de travail », notamment « un faux agenda » et une « revue de presse antidatée paraphée de sa main ».

Le président du RN est accusé d’avoir eu un emploi fictif et d’avoir été payé par le Parlement européen alors qu’il travaillait pour le parti, mais il n’est pas poursuivi dans le cadre du procès. A l’époque, il était employé en CDD à temps partiel pour un salaire mensuel de 1.200 euros. Libérer, Jordan Bardella n’a pas été poursuivi afin de « ne pas alourdir une affaire déjà substantielle ».

L’eurodéputé Nicolas Bay, mis en examen dans le cadre du procès qui s’ouvre le 30 septembre, a également fourni à la justice des documents prouvant son travail réel en tant que député, ainsi que celui de son assistant de l’époque, Timothé Toussaint, selon une enquête de la Cour européenne des droits de l’homme. Franceinfo et Enquête complémentaire. Les documents soulèvent certaines incohérences, notamment liées aux dates ou à la mise en avant de contenus et de sujets postérieurs à la période visée alors que les revues de presse ont été présentées comme des éléments produits entre 2014 et 2015. Nicolas Bay se défend en assurant n’avoir « jamais prétendu aux tribunaux ni à quiconque que ces documents, dans la forme fournie au juge, dataient de 2014 » et soutient qu’« il n’y a pas de fausse preuve de travail » Franceinfo.

GrP1

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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