Emmanuel Macron veut nommer Thierry Breton commissaire européen

Ce sera définitivement Thierry Breton ! Emmanuel Macron a prévenu les dirigeants de sa famille politique (les centristes de Renew) qu’il comptait nommer Thierry Breton à la Commission européenne pour un second mandat. Il leur a fait cette annonce, de manière très concise, lors d’un pré-sommet Renew en amont du sommet européen de jeudi. Cette information du « Monde » a été confirmée aux « Echos ».

L’ancien ministre des Finances, 69 ans, est actuellement en charge du marché intérieur et supervise trois directions générales qui jouent un rôle majeur dans l’agenda de souveraineté européenne défendu par la France.

Il a notamment dirigé les efforts visant à produire des vaccins, à accroître la production d’usines de munitions et à réguler Internet en supervisant le pouvoir des plus grandes plateformes numériques.

Vitesse

Cette décision du président de la République peut certes être lue comme une volonté de marquer son territoire et de démontrer que la nomination du commissaire de la France est sa prérogative, à l’heure où la dissolution de l’Assemblée ouvre la possibilité d’une cohabitation. Le RN a fait savoir qu’il entendait revendiquer ce pouvoir de nomination s’il conquérait Matignon.

Mais une source européenne note que « dès le début, bien avant les élections législatives, nous avons voulu avancer rapidement dans la constitution de la nouvelle commission, car le contexte international ne nous laisse pas le luxe de tergiverser ». Il existe un consensus à Bruxelles sur la nécessité de disposer d’un exécutif avant les élections américaines, capable de démarrer rapidement les projets identifiés comme prioritaires, comme l’union des marchés de capitaux.

Étendue du portefeuille

Pour Emmanuel Macron, il s’agit aussi de discuter au plus vite de l’étendue du portefeuille du commissaire français, pour s’assurer qu’il corresponde aux priorités développées dans le discours de Sorbonne 2. On peut penser que Paris demandera un portefeuille qui conserve la responsabilité de la politique industrielle de défense.

Thierry Breton s’était publiquement déclaré disponible pour un second mandat de commissaire, poste qu’il a occupé avec panache. Sa présence originale sur les réseaux sociaux a suscité l’intérêt des milieux européens.

Ce dernier a observé avec perplexité les critiques que le Français a formulées à l’encontre d’Ursula von der Leyen, au début de la campagne de la présidente de la Commission pour obtenir un second mandat.

Rendez-vous

Plusieurs États membres ont déjà annoncé quelles personnalités ils souhaitaient envoyer au prochain collège. L’Espagnol Pedro Sanchez compte sur sa ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, pour défendre l’héritage du Green Deal. La Lettonie veut donner un troisième mandat à Valdis Dombrovskis, commissaire au Commerce.

La Slovaquie veut même donner un quatrième mandat à Maros Sefcovic, qui lui a déjà valu le surnom de « commissaire à vie » à Bruxelles. L’Irlande veut nommer son ministre des Finances, Michael McGrath. La Finlande lorgne un portefeuille pour la spécialiste des transports Henna Virkkunen.

Voix des députés

L’entourage d’Ursula von der Leyen a révélé qu’elle demanderait aux capitales, comme en 2019, de proposer un homme et une femme, afin de former une équipe paritaire. Il y a cinq ans, certains États membres ne s’y étaient pas conformés.

Alors que les États membres sortent déjà du bois, Ursula von der Leyen a encore beaucoup de travail à faire pour assurer son deuxième mandat. Elle a trois semaines pour convaincre les députés de lui accorder les 361 voix nécessaires à Strasbourg le 18 juillet.