Lors d’une conférence de presse hors les murs de l’Élysée, dans une salle de réception parisienne, mercredi 12 juin, le président de la République s’est transformé en candidat, comme s’il briguait un troisième mandat. Malgré la sévère défaite de son camp, largement distancé par le Rassemblement national lors des élections européennes du 9 juin, Emmanuel Macron a lancé la contre-attaque, convaincu d’être capable, après sept ans de pouvoir, de reconstruire la vie politique.
Moins de vingt jours avant des élections législatives anticipées, provoquées par sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat a procédé en deux étapes : d’abord une offensive contre le « extrêmes »puis une main tendue aux Républicains modérés pour se rallier à la majorité sortante. « Depuis dimanche soir les masques tombent et la bataille des valeurs se dévoile »a lancé Emmanuel Macron, dénonçant « appareil bricolage » et « des alliances contre nature » qui ne constituent pas « en aucun cas des majorités pour gouverner ».
« Absurde », l’idée de la résignation
Le président n’a pas retenu ses coups contre le Rassemblement national et La France insoumise, mais aussi contre Les Républicains, dont le président Éric Ciotti, exclu de son parti, a choisi de « la première fois une alliance avec l’extrême droite »et la gauche qui « Je viens de m’associer à l’extrême gauche ». Il a estimé que le parti lepéniste n’avait pas la solution aux problèmes de sécurité et qu’il provoquerait « appauvrissement » salariés et retraités. Il a également dénoncé sa ligne diplomatique ambiguë à l’égard de la Russie. Concernant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, il a critiqué le « Un désordre parfois constant » créé à l’Assemblée nationale, avant de fustiger son « antisémitisme ». Il a également jugé « indécent » l’alliance appelée « Front populaire » entre le PS, le PCF, LFI et Les Écologues.
« C’est un temps de prise de conscience et de responsabilité auquel j’appelle les Français » a affirmé Emmanuel Macron, qui a accepté quelques mea culpa, alors que les sondages placent le RN en tête des intentions de vote aux législatives. Il a ainsi reconnu ne pas avoir « apporté des réponses assez rapides et radicales » aux attentes des Français, notamment dans les régions rurales et périphériques. Il a également admis une erreur «sur l’accès au logement des jeunes».
« Un grand débat sur la laïcité »
Après la dissolution qui a suscité l’étonnement, et parfois la colère, de ses troupes, le Président de la République a assumé « totalement pour déclencher un moment de clarification ». Son entourage explique en coulisses qu’il s’agit d’un « décision rationnelle » au vu du blocage parlementaire et des résultats des élections européennes. Emmanuel Macron a également démenti vouloir « donner les clés du pouvoir à l’extrême droite en 2027 ». À plusieurs reprises, il a assuré qu’il n’avait pas « l’esprit de défaite » et jugé » absurde « l’idée de démission en cas de victoire du RN aux législatives.
En difficulté, le chef de l’Etat a envoyé des signaux aux électeurs des sociaux-démocrates, des radicaux, des écologistes, des communistes, des gaullistes. « qui ne se reconnaissent pas dans la fièvre extrémiste ». C’est une sorte de « Cri de ralliement »selon un ministre, la définition de « le monde d’après »dit un autre.
Emmanuel Macron a proposé aux dirigeants de ces familles politiques de travailler, avant ou après le premier tour du 30 juin, sur un « fédération de projets pour gouverner ». Le Premier ministre Gabriel Attal, qui mènera la campagne, et les dirigeants de la majorité ont été invités à animer les débats. Le président a présenté quelques pistes d’ouverture possibles : le renforcement de l’autorité, « un grand débat sur la laïcité », sans plus de précisions, la suppression d’un niveau du millefeuille territorial, et le maintien de l’indexation des pensions de retraite à l’inflation. Il s’est finalement dit » ouvrir « sur le « modalités » mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage. Mais pour lui, il reste » essentiel « . « Il y aura des compromis à faire », a-t-il conclu. Compromis et consensus étaient déjà la feuille de route qu’il avait fixée pour sa majorité relative en juin 2022.