Emmanuel Macron pourrait être traqué grâce à ses gardes du corps sur l’application Strava, révèle « Le Monde » – Libération
UN « faille de sécurité » purement humain. Une enquête dans un journal Le monde révèle ce dimanche 27 octobre les « StravaLeaks », du nom de l’application sportive Strava, qui permettraient en quelques clics à n’importe qui de traquer… Emmanuel Macron. Ici, il n’est pas question de piratage ou de vol de données personnelles : elles sont partagées directement et – plus ou moins – consciemment par le groupe de sécurité de la Présidence de la République (GSPR), les proches gardes du corps du chef de l’Etat.
Au moins 12 membres de cette unité, composée de gendarmes et de policiers, ont publié sur le réseau social leurs performances de course à pied – qui enregistre les activités sportives via GPS – avec lieu de départ et lieu d’arrivée.
En comparant ces données avec les visites officielles du Président à l’étranger, les journalistes de Monde On a pu croiser plus d’une centaine de déplacements présidentiels et les joggings de ses gardes du corps entre 2016 et 2024 (dont certains de François Hollande). Ces déplacements diplomatiques sont anticipés par le GSPR, qui s’y rend deux ou trois jours avant l’arrivée du chef de l’Etat pour sécuriser les locaux, notamment l’hôtel où il séjournera – une information extrêmement sensible, rappellent nos confrères.
Et en étudiant le parcours de leur footing sur Strava, il est facile de constater que leur point de départ ou d’arrivée est un établissement hôtelier haut de gamme… Avec cette méthode artisanale, Le monde a pu identifier 10 fois l’hôtel où séjournait Emmanuel Macron. Même si une fonctionnalité de l’application permet de masquer le point de départ et d’arrivée exact de l’itinéraire.
Sauf que ses agents partagent uniquement leur footing quotidien en ligne. Leur nom, leur photo, leur adresse et parfois même leur vie privée sont publics. Certains publient même des photos de leur famille. « Entre de mauvaises mains, tous ces éléments pourraient être utilisés pour faire pression » sur la garde rapprochée du locataire de l’Elysée, souligne le média.
Contacté par le monde sur cet incident majeur qui pourrait compromettre la sécurité du chef de l’Etat, la présidence a simplement répondu par un communiqué succinct, selon lequel « les conséquences (…) liées à l’utilisation de l’application STRAVA par certains membres du GSPR lors de leur footing sont très faibles ».
L’Elysée assure que tous les agissements des gardes du corps sont scrutés, que les hôtels où séjourne Emmanuel Macron sont totalement sécurisés et que l’usage des réseaux sociaux par les agents est contrôlé.
Personnel et militaires de l’Elysée
Néanmoins, les recherches des journalistes de Monde les a conduits vers huit autres membres du personnel de l’Elysée – pâtissier, RH ou encore membre du cabinet – qui sont également fans de course à pied et qui partagent leurs informations personnelles sur Strava. De quoi creuser encore davantage la brèche autour d’Emmanuel Macron. Le journal du soir prévoit de publier deux autres épisodes sur ce thème lundi et mardi, concernant cette fois Joe Biden puis Vladimir Poutine.
Ce n’est pas la première fois que le réseau social sportif est pointé du doigt pour la menace qu’il représente pour la sécurité de ses utilisateurs. Particulièrement utilisée par les militaires, l’application a permis, en 2018, de révéler des bases de l’armée américaine en Irak ou encore des forces françaises au Niger. La convergence vers un même point central du parcours de plusieurs joggeurs pourrait également donner un indice sur leur lieu d’habitation, plaçant là encore les joggeurs dans une certaine vulnérabilité.