Lors de sa conférence de presse, le chef de l’Etat a pointé les failles programmatiques et les incohérences des oppositions, alertant sur leurs répercussions concrètes dans la vie des Français.
Emmanuel Macron s’est décrit comme un « d’un optimisme sans faille », lors de sa conférence de presse mercredi matin, a déclaré croire que les Français se ressaisiraient après avoir adressé un message de colère aux Européens. Mais la confiance n’exclut pas la pédagogie. Le chef de l’Etat a appelé les oppositions à clarifier leurs positions, et les Français à comprendre ce que ces choix politiques impliqueraient pour leur vie quotidienne. Quitte à jouer sur les craintes des électeurs.
« Les taux d’intérêt augmentent, les marchés paniquent, nos partenaires européens sont inquiets »a alerté le chef de l’Etat, après avoir rappelé que le programme RN prévoit « 100 milliards d’euros de dépenses supplémentaires » (une estimation qui a été réalisée lors de l’élection présidentielle de 2022 par l’Institut Montaigne). Résultat, « Le crédit deviendra plus cher. Les salariés, les retraités, les épargnants vont s’appauvrir.», prévient Emmanuel Macron. Et répétez « Si le RN arrivait au pouvoir, que deviendraient vos retraites ? Ils ne pouvaient plus les payer. Qu’arriverait-il à vos prêts immobiliers ? Les crédits vont monter en flèche”. Les Français connaissent bien ce mécanisme économique, puisque la hausse des taux ces dernières années – provoquée cette fois par la politique monétaire européenne de lutte contre l’inflation – a mis à rude épreuve les conditions de crédit, notamment immobiliers.
En 1981, lors de l’élection de François Mitterrand, la panique s’installe parmi les milieux d’affaires et les notables. Certains vont jusqu’à quitter la France et placer leurs économies en Suisse, de peur d’être «l’arrivée des chars russes». Au-delà de ces images ancrées dans l’imaginaire collectif, l’élection de François Mitterrand a provoqué une onde de choc à la Bourse de Paris et sur le franc. En une semaine, 40 milliards de francs de capitalisation étaient partis en fumée, obligeant la Banque de France à intervenir pour soutenir le franc, attaqué par les spéculateurs. Cette dernière finira par être dévaluée un peu plus tard dans l’année.
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Des conséquences sur la dette de la France ?
Les conditions sont bien sûr très différentes aujourd’hui. Mais, sur les marchés financiers, les investisseurs s’interrogent sur les conséquences d’une éventuelle arrivée du RN au pouvoir sur la dette de la France. Les récents développements politiques ont poussé à la hausse le taux d’emprunt français à dix ans, qui a poursuivi sa hausse mardi, à tel point que l’écart avec le taux allemand à même échéance a atteint un record depuis 2020. Le taux d’emprunt français à dix ans est passé à 3,32% mardi après avoir déjà progressé la veille. Dans l’après-midi, il s’établissait à 3,23% quand, au même moment, son équivalent allemand, considéré comme le plus sûr d’Europe, était à 2,62%. Cependant, cette incertitude apparaît dans un contexte où le pays a récemment vu sa note de crédit dégradée d’un cran par l’agence de notation S&P.
Si Emmanuel a évoqué le spectre d’une paupérisation des Français, il a aussi voulu les rassurer sur ses propres intentions. « Retraités sera bien indexé à l’inflation, il a promis. Ce n’est pas pour nous un obstacle à l’ajustement. La majorité présidentielle est la seule à proposer cela », il ajouta. En janvier dernier, le Président a augmenté les retraites de 5,3% pour suivre la hausse des prix et ne pas faire perdre de pouvoir d’achat aux retraités. Une décision qui avait ensuite été critiquée par une poignée d’économistes, qui réclamaient un gel des retraites. Depuis, l’idée d’une sous-indexation des retraites était régulièrement évoquée en coulisses à Bercy en quête de 20 milliards d’euros d’économies pour 2025, entretenant le flou. Emmanuel Macron a définitivement fermé la porte à ce scénario.
Le Chef de l’Etat a également rappelé que depuis son élection il mène une politique non seulement de stabilité fiscale, mais de réductions massives d’impôts. « Nous avons fait 30 milliards de baisses d’impôts sur les ménages et 30 milliards sur les particuliers » a-t-il rappelé, énumérant la suppression de la taxe d’habitation et de la redevance TV, la baisse de l’impôt sur les sociétés, le prélèvement forfaitaire unique à 30 %, l’abaissement des tranches d’imposition sur le revenu, etc. Or, le taux d’imposition obligatoire en France , à 48 % du PIB selon Eurostat, reste le plus élevé de la zone euro.