Emmanuel Macron chamboule à nouveau la formation des futurs enseignants
Il va falloir « réinventer nos bonnes vieilles écoles normales », disait Emmanuel Macron en septembre dernier, lors d’un déplacement à Orange. Ce vendredi, d’une école à 9e arrondissement de Paris, le chef de l’Etat a détaillé la nouvelle réforme de la formation des enseignants qu’il a souhaité engager. La dernière refonte, qui a abouti à la création des Instituts nationaux supérieurs du didacticiel et de l’éducation (Inspé), date de 2019, dans le cadre de son premier quinquennat.
A partir de 2025, les futurs enseignants ne passeront plus les concours à bac+5 mais à bac+3. L’idée est de rendre le métier plus attractif, avec des formations en alternance pendant les deux années de master pendant lesquelles ils seront rémunérés. De l’ordre de 1 400 euros net la première année et 1 800 euros net la deuxième année, avec temps d’entraînement devant la classe, a annoncé dans un premier temps l’Elysée. Ce sera 900 euros la première année, a corrigé Matignon.
ENSP, « écoles normales du 21e siècle »
Il faut « reconnaître nos compatriotes qui veulent s’adonner à ce métier essentiel – transmettre des savoirs à nos enfants, leur apprendre l’esprit critique, leur donner confiance – et donc les rémunérer dès la première année de leur master », a expliqué Emmanuel Macron.
Les futurs enseignants seront formés dans le cadre des nouvelles « écoles normales du 21e ».e siècle », appelée ENSP. Ce nouveau cadre de formation concernera les enseignants du premier et du deuxième niveau.
Des licences spécifiques au métier d’enseignant seront mises en place dans les universités. « Le système que nous avons adopté au cours des dernières décennies n’était sans doute pas le meilleur », a expliqué le chef de l’Etat. Il a fait naviguer les enseignants pendant cinq années post-bac avec des cours divers et variés (jusqu’au) concours de fin de master 2, et donc de nombreux enseignants étaient allés au-delà des connaissances fondamentales depuis plusieurs années. » Il était alors « compliqué de transmettre (ces savoirs sans avoir été) accompagnés comme il le fallait depuis plusieurs années ».
« Une forme de préparation intégrée »
Des licences professionnelles préparant à l’enseignement scolaire seront mises en place dans le cadre de la formation post-bac. Certains existent déjà. L’idée est d' »aller vers la généralisation », a indiqué Emmanuel Macron. Les futurs enseignants seront formés à certaines méthodes – « les plus innovantes » et « qui s’inspirent de tout ce qui a été travaillé par le ministère ces dernières années », a précisé le chef de l’Etat.
Les étudiants qui s’inscriront dans cette future licence auront, à terme, des épreuves réduites pour le concours bac+3, faisant de cette licence « une forme de préparation intégrée », selon Emmanuel Macron.
Ceux qui font une licence d’histoire, de psychologie ou autre et qui souhaitent ensuite devenir enseignants pourront passer le concours pour ensuite accéder à un master. C’est ce master « professionnalisant » qui incarne en fait les « nouvelles écoles normales du XXIe siècle ».e siècle « .
Les enseignants des collèges et lycées pourront suivre une licence disciplinaire à laquelle s’ajouteront « des modules complémentaires leur permettant de maîtriser la pédagogie et d’entrer en contact avec le terrain », précise le ministère de l’Éducation nationale.
Une reprise progressive de la classe
Dans les futurs masters, les étudiants auront le statut d’étudiants fonctionnaires en première année et celui de fonctionnaires stagiaires en deuxième année. Ils passeront plus de temps devant les élèves lorsqu’ils seront en CE1.
« Une grande partie de la formation aussi bien en licence qu’en master sera dédiée à la prise en charge progressive de la classe, passant du stage d’observation à la pratique accompagnée, puis à la responsabilité, jusqu’à 50 % du temps, indique l’entourage du ministre de l’Éducation. Éducation nationale, Nicole Belloubet. Ces éléments seront précisément alignés sur la licence et les modèles maîtres. »
« Fermeture de secteurs »
Interrogé sur le financement de la réforme, Emmanuel Macron a répondu qu’elle se fera « en lien avec l’enseignement supérieur, avec un budget constant ».
Comment faire, quand le budget global est estimé entre 600 et 700 millions d’euros ? Cette somme correspond au « coût à pleine vitesse », selon le chef de l’Etat. « Il faudra ‘compenser’ le coût de la mauvaise organisation du système actuel », explique-t-il. Aujourd’hui, les professeurs qu’on ne recrute pas sont des contractuels qu’il faut embaucher pour les mettre devant une classe. A terme, l’objectif est de bien mieux former, d’anticiper aussi ce dont la nation a besoin et donc de recruter le plus possible après le bac et de recruter moins de contractuels. »
Concernant l’enseignement supérieur, cette réforme conduira à « l’ouverture des secteurs universitaires » mais aussi à « la fermeture d’autres secteurs qui ont moins de débouchés », dans le cadre de la « programmation budgétaire » de l’éducation nationale et de l’enseignement. supérieur. «Nous l’avons complètement intégré», assure le chef de l’Etat. « À un moment donné, nous aurons encore besoin d’argent supplémentaire », glisse un haut responsable.
L’exécutif souhaite que l’Education nationale, l’employeur, reprenne la main sur la formation des enseignants. Mais il faudra composer avec des universités autonomes.