« Emmanuel Macron a encouragé l’autodestruction de la politique »
ENTRETIEN MAJEUR – Pour le sociologue, la dissolution prononcée par le chef de l’Etat s’inscrit dans sa manière « disruptive » de faire de la politique. Une décision impulsive qui, sous prétexte de donner la parole au peuple, renforce aussi l’instabilité, le désarroi et l’anxiété des Français.
Jean-Pierre Le Goff est sociologue et philosophe. Dernier ouvrage publié, « Mes années folles. Révolte et nihilisme des adolescents après mai 68 » (Stock/Robert Laffont, 2023).
LE FIGARO. – Vous avez critiqué l’inquiétante gestion du chef de l’Etat. Avec cet acte de dissolution faut-il saluer le retour de la politique, un retour au peuple ou la conséquence d’une gestion toxique à la tête de l’Etat ?
Jean-Pierre LE GOFF. – Cette dissolution et les échéances fixées pour les élections législatives ont produit des effets de stupéfaction dans le monde politique et plus largement. Emmanuel Macron le présente comme un acte démocratique consistant à redonner la parole au peuple en le confrontant à ses responsabilités : veut-il ou non se laisser gouverner par les extrêmes ? Les politologues affirment qu’il n’avait pas d’autre choix, cherchent à découvrir le calcul politique sous-jacent et examinent tous les scénarios possibles. Aussi utiles que puissent être ces analyses…