La nuit dernière à Los Angeles, la 82e cérémonie des Golden Globes ouvrait le bal des cérémonies de récompenses sérielles et cinématographiques, surtout scrutée car elle sert de salle d’attente pour les oscars. Les collèges d’électeurs diffèrent beaucoup – 300 journalistes étrangers environ pour les Globes, 9 900 professionnels du cinéma pour les oscars – mais les tendances se posent, aiguillant notamment les votants peu curieux et pantouflards des oscars quand il s’agira de dévorer du film pour mars prochain. Vu de France et après le succès là-bas l’an dernier d’Anatomie d’une Chute (meilleur film étranger et scénario), l’évènement était surtout un moment cocorico avec la présence des Français Emilia Perez de Jacques Audiard (favori avec dix nominations) et The Substance de Coralie Fargeat (cinq nominations). Des films de transformation (changement de sexe pour l’un, body horror pour l’autre), celle aussi d’un cinéma français mondialisé, Hollywood-en-Ile-de-France, où Audiard importe les stars Zoé Saldana et Selena Gomez dans un Mexique reconstitué à Bry-sur-Marne tandis que Fargeat invite Demi Moore et Margaret Qualley sous les sunlights d’Epinay-sur-Seine.
Bon augure donc pour les deux aux oscars, surtout pour Emilia Perez, grand gagnant ayant raflé les récompenses de meilleur film étranger, meilleure chanson originale (El Mal, coécrit par Camille et Clément Ducol), meilleur film comique ou musical et meilleur second rôle féminin (Saldana) alors que Moore est, elle, sacrée meilleure actrice pour une comédie ou comédie musicale (mystère des catégories des Golden Globes, mais qui nous a au moins valu un discours vibrant de l’actrice sur l’âgisme et ce come-back inespéré). «So chic, so french», déclarait de son côté Saldana sur scène pour louanger son cinéaste qui, pour prouver qu’il ne s’est pas dilué dans la globalisation, prononça plus tard le seul discours non-anglais de la soirée, célébrant la «sororité» et une «certaine idée de la déraison».
L’idée du cinéma à récompenser pour les votants restait raisonnable : l’auteur maximaliste dans sa vision (le rêve américain vu par un émigré européen, le filmage en Vistavision pour des projections en 70 mm), en la personne de The Brutalist de Brady Corbet, l’autre grand gagnant de ces Golden Globes (meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur acteur pour Adrien Brody, «deux fois survivant de la Shoah», soit la meilleure blague, en référence à son rôle dans le Pianiste de Roman Polanski, de la présentatrice et stand-uppeuse, pleine de bonne volonté mais un peu stressée, Nikki Glaser). Ayant déjà reçu à la Mostra le Lion d’argent de la meilleure réalisation, Corbet est monté sur scène pour défendre une certaine idée de l’auteurisme face aux normes des décideurs financiers et des diffuseurs : «Le final cut revient au réalisateur. Je fais une déclaration controversée alors qu’elle ne devrait pas l’être. On m’a dit que ce film était indistribuable […], que personne ne viendrait le voir.» La victoire de Fernanda Torres pour le Brésilien Je suis toujours là de Walter Salles, devant Angelina Jolie (Maria, biopic de Maria Callas), Nicole Kidman (Baby Girl) ou Kate Winslet (Lee Miller, biopic de la mannequin-photographe), confirme quant à elle le décentrage américain et la représentativité de votants issus de 76 pays. Idem dans la catégorie meilleur film d’animation, où notre chat chouchou du letton Flow de Gints Zilbalodis dame le pion à Disney (Vice-Versa 2 et Vaiana 2) et met du coup le trop discret pays balte sur le devant de la scène cinématographique mondiale.
Rayon séries, les spectateurs ont procédé par suivisme, confort ou manque de temps pur et simple pour les visionnages en rafale. Shogun continue ainsi sa lancée depuis sa moisson aux Emmy Awards, avec à peu près les mêmes prix (meilleure série dramatique, meilleur acteur dramatique pour Hiroyuki Sanada, meilleure actrice dramatique pour Anna Sawai), comblant sans doute le vide laissé par Game of Thrones avec ses batailles en armure, son exotisme rassurant et ses intrigues de cour. Jeremy Allen White est rebelote meilleur acteur d’une série musicale ou comique pour The Bear alors que Jodie Foster est meilleure actrice de mini-série, en flic polaire dans la saison 4 de True Detective. Mon Petit Renne, vainqueur côté meilleure mini-série, meilleur acteur de mini-série (Richard Gadd) et meilleure actrice de second rôle de mini-série (Jessica Gunning), parachevait la réussite crossover de Netflix, diffuseur de la série mais aussi d’Emilia Perez aux Etats-Unis.
Sinon, que disaient ces Golden Globes de notre époque ? Sa facture sage se voulait synchrone avec notre propre perception du monde, saturée d’infos inutiles, avec moult anecdotes et informations écrites en tout petit à l’écran et déjà oubliées («Margaret Qualley a une collection de 2000 poupées vintage»), sur les remettants des prix et les vainqueurs, géolocalisés dans la salle (pour quoi faire ? Pour les serveurs, pour les services de sécurité ?) comme si Google Maps avait sponsorisé la cérémonie. Et tel Voldemort jamais nommé, pas une seule mention de Trump – à peine une pique sur le congélateur de Robert Kennedy Jr – dans les sketchs et les prompteurs lus par les stars. Charge aux votants des Golden Globes de nous préparer à 2025 en mettant eux-mêmes la lumière sur des histoires d’élections compliquées (le raout de cardinaux dans Conclave, meilleur scénario), de mafieux monstrueux (Colin Farrell, meilleur acteur de mini-série pour The Penguin) et d’autocrates désignant de faux ennemis à la vindicte populaire (Wicked, meilleure performance au box-office). Merci à eux.
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