Le 10 mai, l’armée sri-lankaise a évacué le Premier ministre démissionnaire Mahinda Rajapaksa de sa résidence officielle à Colombo vers un lieu sûr après que des milliers de manifestants ont franchi l’une des portes du complexe.
« Après une opération menée avant l’aube, l’ancien Premier ministre et sa famille ont été évacués vers un lieu sûr par l’armée », a déclaré à l’AFP un haut responsable de la sécurité. Après avoir franchi la porte principale de la résidence de Mahinda Rajapaksa à Colombo, des manifestants ont tenté de prendre d’assaut le bâtiment principal de deux étages où l’ancien Premier ministre – et frère du président Gotabaya Rajapaksa – s’était réfugié avec sa famille.
« Au moins 10 bombes incendiaires ont été lancées dans le complexe », a déclaré le haut responsable. Selon lui, la police s’est opposée à un mur de gaz lacrymogène et a tiré des coups de semonce en l’air pour empêcher la foule de passer devant les trois entrées du complexe datant de l’époque coloniale, symbole du pouvoir de l’État.
L’ex-Premier ministre a été mis en sécurité dans un lieu tenu secret, tandis que son fils a déclaré à l’AFP le 10 mai que l’ancien dirigeant ne fuirait pas le pays. Après les affrontements entre ses partisans et des manifestants antigouvernementaux le 9 mai, qui ont fait cinq morts, dont un député, et près de 200 blessés, l’ONU a dénoncé « l’escalade de la violence » dans le pays.
Des pénuries de carburant et de nourriture qui durent depuis des semaines
Des manifestants et des chefs religieux sri-lankais reprochent à l’ancien Premier ministre d’avoir incité les partisans du clan familial à attaquer des manifestants pacifiques antigouvernementaux, provoquant des représailles. Le pays est en proie à des manifestations depuis plusieurs semaines contre l’incapacité du gouvernement à faire face aux pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments, marquant la pire crise économique qu’il ait connue depuis son indépendance en 1948. Des dizaines de maisons appartenant à des partisans de Rajapaksa ont été incendiées ailleurs dans le pays, soumis à un couvre-feu.
Le 6 mai, le président Gotabaya Rajapaksa a déclaré l’état d’urgence pour la deuxième fois en cinq semaines, accordant des pouvoirs étendus aux forces de sécurité, notamment en les autorisant à arrêter des suspects et à les détenir pendant de longues périodes sans contrôle judiciaire. L’état d’urgence autorise également le déploiement de militaires pour maintenir l’ordre, en plus de la police.